Par Marion Riegert
Temps de lecture :

Nicolas Giuseppone nommé membre senior de l’Institut universitaire de France

Nicolas Giuseppone, professeur de chimie à l’Université de Strasbourg et chercheur à l’Institut Charles-Sadron (ICS – CNRS), compte parmi la centaine de membres junior et senior tous domaines confondus nommés en 2023 à l’Institut universitaire de France (IUF). Une nomination qui va lui permettre d’approfondir ses travaux sur les machines moléculaires.

Qu’est-ce que cela signifie être membre de l’Institut universitaire de France ?

Pour un enseignant chercheur, une nomination à l’IUF permet de se consacrer plus intensément à la recherche. J’avais déjà pu bénéficier d’une telle délégation en tant que membre junior de 2013 à 2018. La sélection est faite par un jury international qui évalue le parcours des candidats, mais également les projets de recherche qu’ils proposent pour les cinq années à venir. C’est donc une satisfaction, car cela veut dire que nos travaux de recherche suscitent l’intérêt. Cela va me permettre de libérer du temps pour réaliser mon projet grâce à une décharge de deux tiers de mon enseignement sur cette période. L’autre avantage est financier avec une bourse de 75 000 euros. Au sein du réseau IUF, nous sommes également amenés à échanger avec des spécialistes de toutes les disciplines universitaires, notamment lors de rencontres thématiques annuelles, et c’est une expérience très enrichissante. A l’issue des cinq ans en tant que membre senior, nous pouvons repostuler une fois.

Sur quoi travaillez-vous ?

Depuis une dizaine d’année, mon laboratoire développe des machines moléculaires artificielles, un concept de miniaturisation issu de la chimie supramoléculaire et des nanotechnologies. Nous fabriquons ces nanomachines à partir de molécules chimiques formées de quelques dizaines d’atomes seulement. Cette nomination à l’IUF va me permettre avec mon équipe d’essayer de mettre en œuvre ces machines moléculaires à travers de nouvelles technologies, et peut-être dans certaines applications.

Contrôler la réponse d’une cellule immunitaire humaine avec une machine moléculaire

Par exemple, nous avons récemment montré qu’il était possible de contrôler la réponse d’une cellule immunitaire humaine avec une machine moléculaire, en allant stimuler mécaniquement un récepteur unique à sa surface. Nous avons également intégrer nos nanomachines pour produire des réponses collectives amplifiées, par exemple dans des matériaux actifs tels que des muscles artificiels, capables de fonctionner à l’aide d’une source d’énergie non polluante (chimique, lumineuse…). Nous nous inspirons de la nature qui utilise de nombreuses machines biomoléculaires depuis bien plus longtemps que nous ; elles sont fascinantes et capables d’assurer des fonctions essentielles allant de la synthèse de l’ATP et des protéines, jusqu’aux déplacements cellulaires et aux mouvements musculaires.

Pour quelles applications ?

Les potentielles applications à terme sont variées. Nous pourrions par exemple réaliser des systèmes thérapeutiques utilisant des véhicules moléculaires autopropulsés capables de se déplacer à des endroits bien définis de notre corps. Mais aussi dans un autre champ d’application, stocker l’énergie solaire sous forme d’énergie mécanique pour la réutiliser ultérieurement. Ou encore fabriquer des muscles artificiels légers et souples pour la robotique. Même si tout cela n’est pas pour demain, nous avons toutes les chances d’y parvenir sur le plus long terme.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article