Usuel, un projet pour et avec les personnes en situation de fracture numérique
Réduire la fracture numérique en repensant l'ergonomie des plateformes institutionnelles, c’est l’ambition du projet de recherche et sciences participatives Usuel. Une approche participative innovante qui engage utilisateurs, médiateurs de l’action numérique et scientifique, et œuvre pour trouver des solutions plus inclusives.
Les services publics connaissent une dématérialisation croissante, au profit d’une large majorité de la population. Toutefois, pour une partie du public déjà socialement et/ou économiquement fragilisé, cette dynamique représente une difficulté supplémentaire, qui les prive des services et aides qui leur sont destinés.
L’équipe du projet est partie du postulat que ceux qui créent et conçoivent des sites institutionnels comme France travail, Ameli ou la Caisse d'allocations familiales (CAF), ne prennent pas en compte les personnes en difficulté numérique lors de la conception. Ainsi, plutôt que se demander ce qui pose problème chez ces personnes, nous nous sommes questionnés sur comment améliorer l’ergonomie des plateformes qui ne sont pas adaptées à toutes et tous
, explique Quentin Czerwiec, chercheur bénévole au sein de l’association Savoirs vivants et coordinateur du tiers-lieu numérique et de recherche du Centre d'animation social et familial (CASF) de Bischwiller.
Proposer des pistes d’amélioration des plateformes institutionnelles
Partir de l'expérience des utilisateurs ayant un niveau plus ou moins élevé de littéracie numérique
L’objectif du projet est de repérer et comprendre les logiques d’actions qui sous-tendent les usages et les non-usages du numérique par ces personnes, afin de proposer des pistes d’amélioration des plateformes institutionnelles.
Il prend la forme d’un projet de recherche participative impliquant des partenaires et des participants issus à la fois du milieu de la recherche et de la société civile, avec la collaboration de l’équipe Informatique géométrique et graphique au sein du laboratoire ICube de l'Université de Strasbourg, du Centre d’animation sociale et familiale (CASF) de Bischwiller, de l’IUT de Haguenau et de l’association Savoirs vivants.
Les utilisateurs de ces plateformes, avec un niveau plus ou moins élevé de littéracie numérique et des professionnels de la médiation du numérique (conseillers, médiateurs de médiathèques dans des Centre socio-culturel …) sont également impliqués dans les différentes étapes du projet.
Avec mes compétences, je sais naviguer sur le numérique mais d’autres personnes non, et celles-ci auront des pistes de réflexion et de solutions qui seront probablement plus innovantes que si c’est nous qui les créons
, ajoute Quentin Czerwiec.
Enquêtes, eyetracking...
La participation au projet Usuel prend des formes variées : co-construction d’outils d’enquête (questionnaire élaboré avec les aidants numériques), recueil de données par l’eyetracking (enregistrement des mouvements oculaires), interprétation croisée des résultats avec les aidants numériques (ateliers) et valorisation des résultats co-construites.
Au final, il s’agit d'identifier les choix de conception techniques et ergonomiques des plateformes qui peuvent constituer un obstacle pour les utilisateurs, puis de proposer des solutions pour y remédier de manière optimale.
La clé de l'intermédiation
Quentin remplit le rôle d’intermédiateur, une fonction essentielle dans la dynamique du projet pour faciliter la communication entre les différents acteurs, notamment les participants du projet (médiateurs numériques et usagers de ces services) et les chercheurs et combler les différences de langage, de codes culturels et d'approches. L'intermédiation est cruciale pour faciliter la collaboration, la confiance et l'apprentissage mutuel
Son rôle se construit sur une connaissance approfondie du territoire, des structures associatives, et du milieu professionnel de l'action numérique. Au cœur de cette intermédiation se trouve la nécessité d'établir des relations solides et un réseau étendu. C'est cette toile de relations qui permet de trouver des volontaires motivés, notamment pour participer aux ateliers tests des compétences numériques et faciliter la collaboration, la confiance et l'apprentissage mutuel entre les participants et les chercheurs.
Un projet accompagné par le Labo citoyen
Le Labo citoyen de l’Université de Strasbourg accompagne la création et le déploiement de démarches de recherches et sciences participatives du territoire alsacien, qu’elles soient initiées par des citoyennes et citoyens (associations, habitantes et habitants, collectifs…) ou par des chercheuses et chercheurs. Il se déploie dans le cadre du pôle Open University of Strasbourg (OPUS), qui amène une dynamique nouvelle au sein de l’université et dans la société par l’accompagnement du dialogue entre actrices et acteurs de la recherche et de la société.
En affirmant l’université comme partie prenante de son territoire, OPUS offre des interfaces de co-construction en facilitant le dialogue et l’émergence de projets en commun par des méthodologies nouvelles. En favorisant la transdisciplinarité et la participation citoyenne, en créant de nouveaux espaces aux frontières entre les lieux de production du savoir et la cité, OPUS accompagne les transitions sociétales et contribue à faire émerger l’université de demain.
Dans le cadre d'OPUS, l'appel à manifestation d'intérêt IdEx Recherches et sciences participatives 2024 est ouvert jusqu'au lundi 6 mai 2024 : date limite pour l'envoi du formulaire d'intention par mail à opus@unistra.fr
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