Relien, des formations pour promouvoir le dialogue interreligieux en entreprise
Le projet européen et transfrontalier Relien – Entreprise et religion a pris fin en juin au terme de trois ans de travaux. Porté par le laboratoire Droit, religion, entreprise et société (Dres – CNRS/Unistra) en partenariat avec des universités allemandes et suisses, il a permis de créer et de dispenser des modèles de formations sur le dialogue interreligieux et sur la religion et le droit du travail pour les futurs salariés et les salariés des entreprises du territoire du Rhin supérieur.
La genèse
Relien succède au projet Interreg Inter-Religio qui a permis de créer un master 2 européen « Interreligieux et société » en 2018 à l’Université de Strasbourg, à l’Université de Bale et à l’Université de Heidelberg. Sans oublier l’instauration d’un diplôme d’université intitulé « Connaissances et pratiques de l’interreligieux ». Le projet Interreg touchait plus les étudiants et les universitaires, avec
, explique Francis Messner, directeur du projet.Relien
, nous avons voulu élargir le champ en ciblant un public plus large à travers les entreprises
L’objectif
Faire en sorte que les entreprises fonctionnent mieux avec moins de tensions autour du religieux et plus largement autour des diverses convictions qui peuvent être non religieuses. Contribuer à l’esprit du vivre ensemble et à la paix religieuse, contribuer à faciliter l’insertion des jeunes et des personnes immigrées sur le marché de l’emploi sur le territoire du Rhin supérieur
, précise Francis Messner.
Quoi
En partenariat avec l’Université de Bâle en Suisse et Koblenz-Landau en Allemagne, les chercheurs optent pour la mise en place de formations à destination des salariés et futurs salariés migrants, jeunes marginalisés, scolaires... Le tout, sur le territoire du Rhin supérieur. L’idée était de créer une formation pour répondre à une demande sociale même ponctuelle, en facilitant la résolution d’un problème dans une entreprise, ou dans un foyer d’acceuil de migrants par exemple.
Comment
Pour bien identifier les demandes dans le but d’instaurer des formations adaptées aux salariés et au futurs salariés un grand nombre de réunions ont été organisées. Nous avons travaillé avec des associations, des entreprises, des établissements d’enseignement, des collectivités territoriales et des institutions religieuses. A l’image de l’Eurométropole de Strasbourg, la Maison de l’emploi ou encore l’Association migration, solidarité et échanges pour le développement (Amsed)
, détaille Francis Messner.
Côté réalisations
Les enseignants chercheurs partenaires du projet ont décidé d’articuler les offres de formation autour de quatre thématiques : la dimension interreligieuse de chaque religion, pour souligner que les religions ne sont pas refermées sur elle-même mais qu’elles contiennent des éléments qui promeuvent l’interreligieux.
La connaissance de la religion de l’autre : Expliquer pourquoi les croyants vont adopter telle ou telle attitude, ce qui peut permettre de faire tomber des réticences liées à l’incompréhension.
Les règles religieuses : La loi de Dieu est-elle supérieure à la loi des hommes ? Montrer qu’il est possible de trouver un équilibre entre les deux.
Et enfin, la religion et le droit du travail. En France, la laïcité s'applique dans le service public et la liberté de religion dans les entreprises mais avec d’importantes nuances en France, en Allemagne et en Suisse.
Plus de quinze formations ont été à titre expérimental dispensées aux futurs salariés, notamment aux élèves de l’Icam, une école d’ingénieur à Strasbourg, mais aussi à destination de l’Amsed ou encore des encadrants de la Grande mosquée de Strasbourg. Trois formations ont été dispensées aux salariés des entreprises ainsi que deux formations transfrontalières avec les partenaires suisse et allemand.
Et après ?
Des modèles de formations réutilisables articulés autour des quatre thématiques ont été créés
Pour pérenniser le projet, des modèles de formations réutilisables articulés autour des quatre thématiques ont été créés. Le Service de formation continue de l’Université de Strasbourg est intéressé par la poursuite de cette expérience.
Des outils pédagogiques numériques ont également été conçus comme un fond documentaire virtuel et un annuaire des instances interreligieuses. Les actes de trois colloques sont en voie de publication. Ce qui a fait défaut dans le projet c’est une prise en compte des positions des incroyants, des athées, des humanistes, des indifférents et cela d’autant plus que les tensions sur le lieu de travail ne sont pas uniquement intra-religieuses mais intègrent également les convictions non religieuses
, conclut le chercheur.
- Pour aller plus loin, lire aussi le communiqué de presse et voir la vidéo du projet
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