Next Generation EU : un plan de relance inédit au niveau européen
L'initiative Next Generation EU, lancée par l'Union européenne en 2021, vise à aider les États membres à surmonter les défis économiques, sociaux et environnementaux post-pandémie. Mais comment évaluer l’impact d’une telle initiative et mesurer le succès d’actions aussi vastes ? Amélie Barbier-Gauchard, enseignante-chercheure en macroéconomie au Bureau d'économie théorique et appliquée (Beta)* et coresponsable de l’Institut thématique interdisciplinaire Fabrique de la société européenne | Makers, analyse ces sujets de recherche.
Doté d'une enveloppe budgétaire de 750 milliards d'euros à mobiliser entre 2021 et 2027, ce plan exceptionnel se concentre à la fois sur des objectifs de court terme (faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie), mais aussi de long terme (enjeux climatiques et numériques notamment). Next Generation EU marque une étape historique pour l'Europe, avec une levée d'emprunt collective, même si, par le passé, l’Europe avait déjà contracté des emprunts
, explique Amélie Barbier-Gauchard, enseignante-chercheure en macroéconomie au Bureau d'économie théorique et appliquée (BETA) et coresponsable de l’Institut thématique interdisciplinaire Fabrique de la société européenne | Makers. De cette somme, 90 % sont destinés aux États membres pour la relance économique, avec des conditions strictes à respecter pour pouvoir bénéficier de ce financement : 37 % du plan de relance doivent être alloués à l'action climatique et 20 % à la digitalisation de l'économie. Les pays bénéficiaires doivent également suivre les recommandations de la Commission européenne en termes de gestion de leurs finances publiques et respecter les principes de l'état de droit, incluant notamment la lutte contre la corruption, l'indépendance judiciaire et la liberté des médias. Cela a d’ailleurs conduit à des tensions avec certains membres comme la Hongrie et la Pologne, critiqués pour leurs dérives autoritaires.
Mise en œuvre dans le Grand Est
Il faut aussi souligner l'étroite collaboration entre l'État, la région, les départements et les acteurs locaux
Next Generation EU permet de financer 40 % du plan de relance de la France, France Relance, d’un montant total de 100 milliards d’euros. La France a fait le choix de confier une partie de la mise en œuvre du plan de relance aux territoires, où les régions jouent un rôle majeur dans la relance et la transformation de l’économie. Dès l’été 2020, la Région Grand Est a déployé le Business Act 1, un plan de gestion de crise destiné à fournir un soutien financier immédiat et durable sur sept ans pour les entreprises locales. En partenariat avec la Banque Publique d'Investissement et la Banque des Territoires, ce plan a permis d'offrir des prêts à taux zéro aux entreprises de toutes tailles, les grandes, petites et moyennes entreprises mais aussi les petites structures et les associations. Tous les secteurs ont ainsi été impactés – BTP, industrie, agriculture, commerce,
note la chercheuse. Et il faut aussi souligner l'étroite collaboration entre l'État, la région, les départements et les acteurs locaux, une approche véritablement multi-acteurs pour la mise en œuvre de ce plan de relance
. En mai 2021, le Business Act 2 a été lancé, avec des objectifs à moyen et long termes : la transformation profonde de la région. Cette deuxième phase met l’accent sur quatre moteurs de changement : le climat, le numérique, l'industrie et la santé.
L’évaluation du plan de relance
Comment juger du succès du plan de relance européen alors que les objectifs sont vastes et variés ?
Une fois ces actions initiées, la question de leur évaluation se pose. Comment juger du succès du plan de relance européen alors que les objectifs sont vastes et variés ? Quels indicateurs utiliser pour mesurer l'impact socio-économique et environnemental de ces dépenses ? Ce plan de relance aura-t-il été efficace ? Ce sont autant de sujets de recherche qui restent souvent absents des débats publics
, observe la chercheuse, spécialiste de ces questions. Depuis plus de quinze ans maintenant, ses travaux de recherche portent sur le lien entre discipline budgétaire et performance du gouvernement. Ils visent à considérer de nouveaux indicateurs d’appréciation de l’action publique qui intègrent davantage les défis auxquels les pouvoirs publics sont désormais confrontés (climat, croissance, emploi, soutenabilité des finances publiques, crédibilité des mesures annoncées, transparence du gouvernement…).
A ce jour, à peine la moitié des 750 milliards d'euros de Next Generation EU a été utilisée. Une coordination entre les acteurs reste essentielle pour assurer une performance optimale des finances publiques et répondre efficacement aux défis économiques, sociaux et environnementaux à venir.
- A lire aussi : Défis à relever et leviers d’action, d’Amélie Barbier Gauchard
* Unistra/CNRS/Université de Lorraine/Inrae/AgroParisTech
Y-FED, la première simulation d'Europe fédérale du 1er au 7 juillet 2024 à Strasbourg
Dans le cadre de la troisième édition du Y-FED qui aura lieu du 1er au 7 juillet 2024 à Strasbourg au Palais universitaire et au Parlement européen, Amélie Barbier-Gauchard a été sollicitée pour animer un webinar sur « Next Génération EU et le fédéralisme budgétaire en Europe » qui a eu lieu mardi 11 juin 2024. Son but est d’alimenter les futurs réflexions et travaux des participants à cet événement.
Porté par Les Jeunes Européens – Strasbourg, Les Jeunes Européens – France et les Young European Federalists (JEF Europe), ce projet Y-FED financé par Erasmus + est un exercice grandeur nature de simulation d’Europe fédérale où le mélange entre prospective politique et réalité permet une appropriation rapide du concept par les participants, par ailleurs ravis de faire l’expérience d’une Europe concrète dans la capitale européenne qu’est Strasbourg.
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