Par Lou Schillinger
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Mickaël Schauli, l’amoureux des mots

Amoureux de la langue française, Mickaël Schauli, étudiant à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) a eu l’idée de créer « Le Kjökk : Le dictionnaire des bizarreries de la langue française ». Cet ouvrage regroupe près de 2 000 termes francophones particuliers, très peu voire jamais utilisés au quotidien. Un moyen d’élargir son panel de vocabulaire. Petit florilège de ses chouchous.

Le Kjökkenmödding. Ce mot est la source du Kjökk ! Ce terme aussi particulier qu’imprononçable est d’origine danoise, littéralement traduit par « cuisine » (kjökken) et « fumier » (mödding). Il s’agit d’une accumulation de déchets domestiques, des débris ou des restes de repas, ajoutés à des débris naturels comme des coquillages ou des coquilles de mollusques des civilisations préhistoriques d’Europe.

Le monte-en-l’air. Oui, c’est comme ça que l’on appelait un voleur au 19e siècle. Mais pas n’importe lequel. Sa particularité est de s’introduire dans les habitations par le toit ou toute autre entrée en s’aidant des « reliefs » comme les balcons, les tuyaux ou encore les rebords de fenêtres. Comme si l’intrus passe par les airs.

Une marie-salope. Au 18e siècle il ne s’agit pas d’une insulte ou une vulgarité mais bien d’un bateau ! « Marie » est un nom souvent donné aux bateaux et le terme « salope », dans son sens ancien, signifie « malpropre ». Ce n’est pas la réputation qui joue mais plutôt son état. Ce navire est destiné à transporter les vases et les sables bloquant l’accès aux ports.

Le nycthémère. A ne pas confondre avec l'insulte bien connue qui a donné son nom à un célèbre groupe de rap… Dans le grec ancien, il s’agit d’une boucle de 24 heures. Ce terme est composé du mot « jour » et du mot « nuit », cela correspond donc à un cycle d’une nuit et un jour complets.

Un suivez-moi-jeune-homme. Aussi distingué que son nom l’indique, il s’agit d’un morceau de tissu à pans ou d’un ruban noué autour des chapeaux féminins au 19e siècle. Il représentait l’élégance, un accessoire de séduction entre autre.

Une histoire de coquillage

Mickaël Schauli, auteur du Kjökk, a trouvé l’inspiration pendant le premier confinement en mars 2020. Cet étudiant à l’Inspé occupait son temps grâce aux jeux en ligne, notamment avec le BombParty, un jeu ludique et instructif semblable au Scrabble. Un jour il rencontre le terme « Kjökkenmödding », ce qui éveille sa curiosité, et tout commence.

Mickaël décide de répertorier un maximum de mots étranges de la langue française grâce à l’aide d’autres passionnés. Au bout d’un mois, il en sort plus d’une cinquantaine de pages et lui vient donc l’idée de les rassembler dans un dictionnaire. Entre mars et juillet 2021, il s’occupe de la réécriture des définitions en s’aidant du Larousse ou encore du Wiktionnaire. Entre-temps, Mickaël organise une campagne de levée de fonds en ligne pour lancer son projet et près de trente manuels sont précommandés.

Le dictionnaire des bizarreries françaises est enfin né ! Orné d’un coquillage sur la couverture, le dico fait honneur à l’origine du projet. Mickaël imprime ses premiers exemplaires, en autoédition, en août et un mois plus tard, le premier dictionnaire est officiellement vendu. Une fierté pour cet amoureux de la langue qui veut « apporter la connaissance au monde ». Les bénéfices récoltés par ses ventes sont reversés à des écoles du réseau Sternenberg, un regroupement de onze communes à l'Est de Saverne. J’ai contacté les DNA pour qu’ils parlent de mon projet. Puis il y a eu un effet boule de neige, j’ai été pris dans une spirale médiatique. Je suis passé sur France 3, dans les DNA, à la radio… et même l’Inspé a écrit un article, témoigne l’auteur. Mickaël a même été contacté et félicité par le ministère de la Culture, où il a pu effectuer son stage annuel. Mickaël a vendu près de 600 exemplaires depuis le mois de septembre 2021 et récolté près de 2 500 € de bénéfices.

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