Par Marion Riegert
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La science participative au service de l’analyse de l’eau

Afin d’acquérir des connaissances géographiques et temporelles sur l’impact du changement climatique sur les eaux de surface de l’Eurométropole de Strasbourg, des chercheurs ont décidé de faire appel à la science participative. Explication avec Anne Pallarès, membre du projet Sens’eau et chercheuse au Laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie (ICube – CNRS/Unistra/Insa Strasbourg/Engees).

Pourquoi ?

Il faut agir pour rendre la science plus accessible, souligne d’emblée Anne Pallarès qui a à cœur de partager les savoirs. Tout en sensibilisant les participants aux enjeux liés à la recherche à laquelle ils contribuent, la science participative permet également aux chercheurs de gagner du temps et de pallier le manque de données. Dans le cadre du projet Sens’eau, mené par Anne Pallarès avec Eléa Héberlé, médiatrice scientifique indépendante, et Pierre Fechter, chercheur au sein du laboratoire de Biotechnologie et signalisation cellulaire (BSC - CNRS/Unistra), il s'agit d’assurer un point de surveillance régulier des eaux de surface en zone urbaine. 

Qui ?

Durant l’année scolaire 2023-2024, le projet a été initié avec une quarantaine d’élèves de plusieurs classes de seconde, réunis dans le cadre de l’option Techniques de laboratoire du lycée Louis-Pasteur de Strasbourg. 

Quoi ?

Après avoir été initiés à la problématique et à la méthodologie, les élèves ont effectué en autonomie, tout au long de l’année, des prélèvements d’eau sur des sites choisis, proches de leur établissement ou de leur lieu de résidence. Ils ont ensuite réalisé des analyses bactériologiques et physico-chimiques des échantillons d’eau collectés. Seize lycéens volontaires ont par ailleurs pu bénéficier d’un stage d’initiation à la recherche de deux semaines en collaboration avec l’Ecole supérieure de biotechnologie de Strasbourg (ESBS) et l’Ecole nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (Engees). En zone périurbaine, sur le site de la Bruche, à proximité de Wolfisheim, ils ont effectué une surveillance physico-chimique et biologique ponctuelle et ont procédé à la récupération des déchets plastiques. Objectif : identifier les souches bactériennes présentes et voir s’il y a dégradation des déchets.

Résultat ?

Les résultats obtenus par les lycéens sont de très bonne qualité, preuve que des non-initiés, après une formation, peuvent collecter et analyser des données. On ne sait pas si cela aura un impact sur leur orientation future, mais ils ont beaucoup apprécié les semaines passées en laboratoire. Côté recherche, une cinquantaine de prélèvements ont été réalisés, soit autant de données à exploiter. Nous avons notamment remarqué que les souches bactériennes présentes pour dégrader les déchets plastiques n’étaient pas les mêmes dans le sol et dans l’eau, une piste à creuser, explique Anne Pallarès qui aimerait à terme pouvoir étendre le projet au plus grand nombre. Autre projet : créer une antenne alsacienne du groupement Tous chercheurs. Cette association, née à Marseille, vise à impliquer les citoyens dans la recherche. Elle prône notamment l’égalité des savoirs à travers des échanges horizontaux où la parole de chacun est entendue.

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