Par Marion Riegert
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De nouveaux projets pour l’Observatoire Hommes-Milieux de Fessenheim

Environnement, contexte socio-économico-politique, aspect énergétique, l’Observatoire Hommes-Milieux (OHM) Fessenheim propose une approche pluridisciplinaire permettant de bâtir la connaissance scientifique des conséquences de la fermeture d’un des plus anciens sites nucléaires civils de France. Après quatre ans de fonctionnement, il termine son premier appel à projets et débute le second. Point d’étape avec Dominique Badariotti, directeur du Laboratoire image, ville, environnement (Live – Unistra/CNRS) et de l’OHM.

Du premier…

Le premier appel à projets qui a duré un peu plus longtemps que prévu, Covid oblige, regroupe huit projets de différents laboratoires strasbourgeois. Au programme : la caractérisation des particules fines sur le chantier de démantèlement. Le développement de technologies pour un suivi radiologique. Ou encore des mesures biologiques et des sédiments avec des prélèvements dans l’eau du Rhin, en amont et en aval de la centrale. Ces mesures correspondent à ce que les chercheurs appellent l’établissement du temps zéro, un évènement fondateur qui change la trajectoire du socio-écosystème observé. Dans ce cas, la fermeture de la centrale. Autre sujet : la conception psychologique du risque nucléaire sur la population de Fessenheim en comparaison avec la population nationale. Actuellement, le débat sur la réouverture des centrales serait sûrement perçu différemment, le discours ambiant avec les pénuries d’électricité annoncées n’étant plus le même, souligne Dominique Badariotti.

…Au second

D’une durée de deux ans, le second appel à projets regroupe sept projets. Certains, permettant un éclairage à un moment donné, se sont arrêtés, d’autres, se poursuivent avec des collectes de données ultérieures pour voir comment la situation évolue en fonction des avancées du démantèlement. Chaque thématique a sa propre temporalité, pour la biologie par exemple, il faut lui laisser le temps de s’adapter. Côté nouveautés, un projet science en société s’intéresse à la médiation à mettre en place. Mesurer les frictions, les tensions autour du projet d’aménagement post-démantèlement et les observer. Un projet science de la vie permet pour sa part d’étudier les conséquences de l’arrêt de la centrale sur les biologies sentinelles comme les passereaux. De manière plus générale, nous souhaiterions également développer la collaboration avec EDF pour permettre un meilleur accès des chercheurs au site, conclut Dominique Badariotti.

Les OHM en bref

Conçus et développés par le CNRS depuis 2007, les Observatoires Hommes-Milieux sont regroupés au sein du Labex DRIIHM (Dispositif de recherche interdisciplinaire sur les interactions Hommes-Milieux), issu du Programme investissements d’avenir qui octroie chaque année environ 1 million d’euros pour financer notamment les différents appels à projets des OHM. En juin 2023, les 13 OHM que compte la planète se rendront à Strasbourg dans le cadre du séminaire du Labex.

Les OHM constituent un dispositif de recherche dédié à la compréhension des écosystèmes très anthropisés et artificialisés. Ils fournissent une compréhension des socio-écosystèmes sous une forme telle qu’elle puisse aussi venir éclairer les décideurs politiques, économiques ou sociaux au moment de leurs choix.

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