Par Elsa Collobert
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Avec « Parlons santé », lumière sur la contraception masculine

La contraception, ce n’est pas réservé qu’aux femmes ! C’est en substance le message passé par Daria Gheorghe, médecin généraliste et enseignante, qui a ouvert le deuxième cycle « Parlons santé », le 26 septembre dernier. Avec cette série de conférences, le Département de médecine générale (DMG) de la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé, va à la rencontre du grand public en territoire, pour mieux faire connaître les résultats de la recherche.

Préservatif, anneau, vasectomie…

Le dispositif le plus connu en termes de contraception masculine reste le préservatif. Mais c’est loin d’être le seul, souligne Daria Gheorghe, médecin généraliste et cheffe de clinique au sein du DMG de la Faculté de médecine de Strasbourg (dont elle est diplômée).

Anneau, gel, slip chauffant… D’autres solutions existent ou sont en cours de développement, énumère celle qui s’est spécialisée sur la question de la santé sexuelle, avec en plus une inscription en diplôme universitaire (DU) de gynécologie, cette année. « Mais ces méthodes restent encore peu connues et assez expérimentales. L’anneau ne bénéficie ainsi pas d’autorisation de mise sur le marché, de même que le slip chauffant. Même si, pour ce dernier, certains mettent à disposition des tutoriels DIY “low tech”, basés sur un protocole élaboré par le Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Toulouse. »

Plus courante dans les pays anglo-saxons, en très légère progression en France ces dernières années, la vasectomie est, elle, en revanche, remboursée par la Sécurité sociale. Une méthode de stérilisation reconnue, qui consiste à couper et bloquer les canaux transportant les spermatozoïdes à partir des testicules, et considérée comme irréversible.

Il est aussi possible de faire congeler son sperme, dans le cas d'un éventuel projet de grossesse à moyen/long terme.

Intérêt croissant

Grâce à son déjà riche parcours, Daria Gheorghe est en mesure de noter un intérêt croissant pour la question de la contraception masculine, tant chez les femmes que chez les hommes. Les études scientifiques se développent aussi.

Diplômée en 2022, la jeune femme de 32 ans s’est aussi formée en sciences sociales à Sciences Po Strasbourg (parcours Santé, environnement et politique en master), en parallèle de son internat. Pour mon mémoire, je me suis intéressée aux déterminants des choix de contraception chez les femmes au Maghreb. Elle exerce aussi en consultation au Planning familial et à l’Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).

En parallèle, les recommandations d’instances comme le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) évoluent, avec par exemple l’élargissement de la pose de dispositifs intra-utérins-DIU, type stérilet, aux femmes plus jeunes et n’ayant pas eu d’enfants.

Poser ses questions sans tabou

Un intérêt qui s’est confirmé parmi le public venu assister à sa conférence du 26 septembre dernier, à Strasbourg. Parmi les 70 participantes et participants, beaucoup de jeunes, se félicite Daria Gheorghe.

À quand la pilule contraceptive pour les hommes ? Que penser des méthodes naturelles, comme le retrait ?  La médecin, présente avec Yannick Schmitt, directeur du Service de santé étudiante (SSE), était présente pour répondre aux questions, la conférence étant prévue pour consacrer autant de temps aux échanges qu’à l’exposé des spécialistes invités (lire encadré). Que l’on soit dans une conférence ou dans un cabinet, il n’existe en tous cas pas de question bête ! 

« La décision de la contraception doit être partagée, même si, in fine, le dernier mot doit revenir à la femme, car c’est son corps et donc son choix »

Une décision partagée 

Fidèle à sa casquette d’enseignante au sein du DMG, Daria Gheorghe n’a pas manqué d’outiller les personnes présentes, en se référant par exemple à l’indice de Pearl, mesurant l’efficacité des différentes méthodes contraceptives.

Tout en rappelant qu’en tant que médecin, mon rôle n’est pas d’influencer une personne ou un couple vers telle ou telle méthode. Plutôt de les informer sur les avantages, mais aussi les contre-indications de chaque méthode.

Si la contraception a longtemps reposé sur les femmes, elle se félicite que le tabou s’étiole progressivement autour de ces questions. Elle note aussi une prise en compte croissante au sein des couples hétérosexuels : La décision doit être partagée, basée sur la confiance mutuelle. Même si, in fine, le dernier mot doit revenir à la femme, car c’est son corps et donc son choix. Et de conclure : Il n’existe pas une méthode contraceptive idéale. Chacun, chacune, doit choisir celle qui lui convient le mieux ! 

« Parlons santé » : rendez-vous à Erstein et Truchtersheim

Reliées à des thématiques d’actualité, comme celle de ce jeudi 6 novembre, en écho au « Mois sans tabac », les conférences « Parlons santé » ont pour ambition de faire rayonner dans le territoire les résultats de la recherche en médecine, auprès de tous les publics.

De nombreuses thèses d’exercice de médecine générale sont soutenues chaque année au sein du Département de médecine générale, souligne Manon Reinbolt, coordinatrice de recherche. Il serait dommage de ne pas chercher à les valoriser après la soutenance. 

Soutenu initialement par un financement Idex, « Parlons santé » a pour marqueur fort d’aller à la rencontre des gens et faire "sortir" des murs de la Faculté de médecine les résultats de recherche, avec des rendez-vous en zones périurbaine et rurale, et en lien avec les acteurs locaux (dont les communes et les Communautés professionnelles territoriales de santé).

Prolongées par un buffet, les rencontres se terminent toujours par des échanges libres entre les participants et avec les intervenants, dans un cadre convivial. La restauration est assurée en circuit court par l’association locale Les Jardin de la Montagne-Verte, et nous proposons des solutions de co-voiturage, lorsque l’offre en transports en communs est réduite.

  • Prochains rendez-vous : « Fumer : pourquoi on commence, pourquoi on continue ? », jeudi 6 novembre, à la salle de spectacle la RuCHE d'Erstein (dans le cadre du Mois sans tabac) et « Être macho n'est pas bon pour la santé », vendredi 14 novembre, au Trèfle à Truchtersheim (pour le Movember)
  • Plus d’informations et inscriptions (attention, la soirée du 14 novembre est déjà complète !)

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