Par Elsa Collobert
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A Haguenau, l’industrie du futur se conjugue au présent

Une ligne de production aux postes de travail modulaires, truffée de robots coopératifs et d’intelligence artificielle, pensée pour faciliter le travail de l’homme mais pas le remplacer. FleXtory, nouveau hall de l’usine-école de l’IUT de Haguenau, a été inauguré vendredi 6 mai, en présence des partenaires pédagogiques et industriels de l’école. Elle est semblable à celles qu’on peut trouver dans certaines unités de production industrielle de pointe maillant le territoire de l’Alsace du Nord.

Contraction de flexible et factory, FleXtory, « l’usine flexible » de l’IUT de Haguenau marche sur deux jambes : digitalisation et place de l’humain. « L’un ne fonctionne pas sans l’autre », souligne Yann Gaudeau, directeur de l’IUT (récemment reconduit dans ses fonctions).

Sur la ligne de production inaugurée vendredi 6 mai, déjà en fonctionnement depuis un an, on trouve des postes d’assemblage mobiles, « modulables quasiment à l’infini », comme autant de briques d’un jeu de construction. De petits robots intelligents se déplacent entre les postes pour amener composants ou outils. Aux postes-clés, les actions sont contrôlées par des lecteurs RFID et des tableaux de bord connectés permettent de suivre la production.

Jumeau numérique et exosquelettes

Partout, les technologies numériques de pointe viennent en soutien à l’homme : casque de réalité virtuelle pour permettre à l’agent de production de visualiser l’usine et son double, son « jumeau numérique » ; intelligence artificielle pour la maintenance prévisionnelle, afin de réduire le risque de panne ; exosquelettes pour limiter les positions et gestes contraignants pour la santé.

L’usine du futur sera forcément plus connectée et coopérative, à la réactivité et à l’efficacité améliorées, tout en étant plus sûre et respectueuse de l’environnement : à l’IUT de Haguenau, c’est déjà une réalité.

Qualité, logistique, pilotage de production industrielle : ce sont les domaines des formations qui bénéficieront de cet équipement. « Soit 400 de nos étudiants, répartis entre cinq parcours de Bachelor universitaire de technologie (BUT) et cinq licences professionnelles*. » Une centaine d’étudiants de composantes partenaires – Faculté des sciences économiques et de gestion, Faculté de physique et ingénierie, Télécom Physique Strasbourg – réaliseront aussi des Travaux pratiques (TP) dans l’usine-école.

Production rationnalisée

Parmi les exercices proposés en TP : à partir d’un produit fini, définir la configuration optimale pour produire un objet dans les meilleures conditions. « Nous travaillons avec des produits simples, crayons et lampes de poche, mais cette ligne a été conçue pour des process plus complexes » , précise Yann Gaudeau.

D’un coût de 1,3 million d’euros pour l’ensemble des halls, assumé à parts égales par la Région, l’université (grâce à l’Idex) et les fonds propres de l’IUT, le hall FleXtory a été conçu par un partenaire industriel de taille : l’entreprise Bosch, et plus particulièrement sa filiale industrielle, Rexroth. « Notre cahier des charges était bien précis, nos demandes très spécifiques. Au final le partenariat est gagnant-gagnant, puisque nous nous dotons un équipement de pointe sur-mesure, et Bosch d’une belle vitrine pour son savoir-faire ».

Virage de l'industrie du futur

Le virage de l’industrie du futur, l’IUT de Haguenau l’a pris au tournant des années 2010, alors que l’État fait de la modernisation de son appareil productif une priorité économique et compétitive. « Dès 2015, nous avions notre première usine-école, Smart-prod (production intelligente), une ligne d’embouteillage de chez Festo pensée notamment pour l’industrie de type pharmaceutique. Nous l’avons aussi étendu et modernisé dans les dernières années »

On peut dire que l’IUT a eu du flair, « puisqu’aujourd’hui d’autres IUT, mais aussi des écoles d’ingénieurs nous ont emboité le pas ». Si la technologie ne cesse d’évoluer, « nous avons au moins dix ans devant nous avec ces unités de production, qui peuvent être facilement adaptées avec de nouveaux éléments ».

Institutionnels comme industriels, de la start-up locale au grand groupe (le Réseau d’industriels innovants d’Alsace du Nord-Resilian, Bosch, Siemens, Festo, la locale Sherpa Mobile Robotics dont les robots éponymes qui sillonnent l’usine-école...) : les nombreux partenaires de l’IUT étaient présents lors de l’inauguration du 6 mai. Ils n’ont pas manqué de rappeler son ancrage territorial, socle de leur collaboration.

* BUT Qualité, logistique industrielle et organisation (Qlio), licence professionnelle Logistique et performances industrielles (LPI), licence professionnelle Management des entreprises par la qualité (MEQ), licence et master (Manager Lean 4.0) pour la formation continue dans le hall FlexTory /
BUT Génie électrique informatique indsutrielle (GEII), licence professionnelle Industrie du futur, licence professionnelle Automatisme et informatique industrielle pour les demandeurs d’emplois dans le hall Smart-prod.

Plus connectée, l’usine du futur est aussi plus verte

C’est un cercle vertueux : l’usine du futur se veut responsable, tant du côté bien-être des opérateurs que consommation d’énergie et de ressources.

Cette dimension est donc logiquement intégrée à la formation : les objets produits par les étudiants sont simples à monter et démonter, dotés de composants pouvant être réutilisés plusieurs fois.

« Sur nos imprimantes 3D, nous réutilisons au maximum le plastique, que nous refondons », explique Lorène Dubreuil, enseignante du département Qlio. Les étudiants, qui disposent de plus en plus de ce type de matériel chez eux, rapportent aussi la matière première à l’IUT pour la réutiliser.

C’est dans cette même logique de démarche circulaire qu’« un bac de collecte des bouteilles plastiques a été installé dans notre hall », ajoute Justine Zimpfer, chargée de communication de l’IUT. L’initiative s’inscrit dans un projet plus global, Déclic, mené à l’échelle de tout l’établissement. « Pour le moment nous sommes en phase test : bouteilles et bouchons sont triés, refondus sous forme de bobines de fil, matière première des imprimantes 3D. Pour le moment, nous nous rendons compte que le plastique de consommation courante (PET) n’a pas les mêmes propriétés que l’ABS couramment utilisé avec les imprimantes 3D », reprend l’enseignante. Les expérimentations se poursuivent !

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