Par Mathilde Hubert
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Vers une meilleure compréhension de la régulation de l’appétit

Comment le cerveau décide-t-il qu’il faut se mettre à table ? Plusieurs circuits cérébraux indépendants s’articulent, alors que certains agissent sur l’envie, d’autres ont un effet sur le besoin de manger. Dans une étude publiée dans Nature Metabolism, Karl Vivot de l’équipe de Roméo Ricci de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC, CNRS/Inserm/Unistra) décrit un nouveau mécanisme de régulation de l’appétit.

Le système nerveux central orchestre un ensemble de processus complexes pour réguler les apports et les dépenses énergétiques. Les signaux hormonaux, neuronaux et nutritionnels atteignent le système nerveux central et déclenchent l’adaptation du comportement alimentaire et du métabolisme.

En fonction de la présence ou non d’aliments dans l’estomac, le cerveau libère des facteurs appelés « orexigènes » s’ils stimulent l’appétit, ou « anorexigènes » s’ils inhibent la faim. La détection de l'état nutritionnel est principalement coordonnée par les neurones orexigènes qui stimulent l’appétit et les neurones anorexigènes, qui stimulent la satiété, situés dans le noyau arqué de l’hypothalamus.

Le dysfonctionnement de ces circuits neuronaux contribue à l'obésité qui est le principal facteur de risque du diabète de type 2 et/ou des maladies cardiovasculaires. L’obésité comme le diabète de type 2 sont des pathologies à prédisposition génétique : si certains gènes prédisposent à la maladie, c'est l'environnement qui en conditionne le développement.

Un mécanisme important dans le développement de l'obésité et du diabète de type 2

Dans cet article, l’équipe de Roméo Ricci décrit la fonction du gène codant pour CaMK1D, un gène fortement associé au diabète de type 2. Avec des souris dont le gène codant pour CaMK1D a été invalidé spécifiquement dans les neurones orexigènes, les chercheurs mettent en évidence son rôle dans la régulation de la prise alimentaire. Face à un régime riche en graisse, ces souris mangent moins et ont un poids inférieur à des souris témoins.

Au niveau moléculaire, les scientifiques ont étudié les neurones AgRP, dont la déficience a déjà été identifiée comme à l’origine de l’obésité. Ils ont ainsi identifié un nouveau mécanisme de signalisation qui agit dans les neurones AgRP pour contrôler les niveaux de deux principaux neuropeptides orexigènes, AgRP et NPY qui sont impliqués dans la stimulation de la prise alimentaire. Ainsi, ils mettent en lumière que la signalisation incontrôlée du gène CaMK1D dans les neurones AgRP représente un mécanisme important dans le développement de l'obésité et du diabète de type 2.

Comprendre le fonctionnement et les dysfonctionnements des mécanismes de la régulation de l’appétit par notre cerveau permet de mieux comprendre et traiter certains troubles du comportement alimentaire, mais aussi de combattre plus efficacement l’épidémie actuelle d’obésité.

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