Une thérapie génique prometteuse dans le traitement d’une maladie musculaire génétique rare
Des chercheurs et chercheuses de l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC-CNRS/Inserm/Unistra), ont réalisé une avancée majeure dans le traitement d’une maladie musculaire génétique grave pour laquelle il n'existe actuellement aucune thérapie, la myopathie centronucléaire liée à la mutation du gène BIN1. Leur étude, publiée dans Molecular Therapy, identifie pour la première fois une thérapie génique capable non seulement de prévenir totalement, mais aussi d’inverser la progression de cette maladie rare dans un modèle murin.
Les myopathies centronucléaires sont caractérisées par une atteinte musculaire qui progresse avec le temps, causée par des anomalies de la structure interne des cellules des muscles squelettiques. Des mutations du gène BIN1, essentiel à l’adaptation des cellules à leur environnement et à l'organisation des fibres musculaires, sont responsables d'une part importante des cas de cette maladie.
À Strasbourg, une équipe de recherche menée par Jocelyn Laporte, directeur de recherche Inserm à l’IGMBC, décrit, pour la première fois, les résultats encourageants d’une thérapie génique qu’ils ont développée et testée sur un modèle de souris atteintes par la maladie. Les chercheurs ont utilisé des vecteurs AAV pour délivrer une version non mutée et fonctionnelle du gène BIN1 dans sa forme spécifique au muscle squelettique (celle habituellement exprimée dans un muscle sain et nulle part ailleurs dans le corps) dans les muscles atteints. L’objectif : restaurer une fonction musculaire normale en compensant le gène muté responsable de la maladie. L'équipe a identifié MyoAAV4A, un nouveau type d'AAV ciblant spécifiquement le muscle squelettique, comme particulièrement efficace pour la délivrance de BIN1, surpassant ainsi le vecteur AAV9 habituellement utilisé.
Prévenir totalement l’apparition des symptômes de la maladie
Un traitement précoce chez des souris nouveau-nées a ainsi permis de prévenir totalement l’apparition des symptômes de la maladie. Une administration après le début de la maladie a permis d'inverser complètement les principales manifestations cliniques, notamment les troubles moteurs ainsi que l’atrophie et les anomalies de contraction musculaire. Quatre semaines après traitement, les souris présentaient une normalisation de la structure et de leur fonction musculaire, ainsi qu’une restauration des principaux indicateurs biologiques témoignant du bon fonctionnement de la cellule musculaire.
Ces résultats ont des implications plus larges. En effet, des anomalies de BIN1 sont également impliquées dans des pathologies cardiaques, certains cancers, ainsi que dans des maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. Ainsi, la restauration de la fonctionnalité de BIN1 pourrait ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques dans plusieurs domaines.
Retrouvez le communiqué de presse dans son intégralité et la publication dans Molecular Therapy