Par Elsa Collobert
Temps de lecture :

Santé mentale au travail : SaMenTa, personnage-caméléon pour en parler

SaMenTa, l’attachant caméléon dont les couleurs évoluent au gré de l’humeur, a pris ses quartiers à l’Université de Strasbourg depuis la rentrée de septembre. Son journal, publié à échéances régulières sur l’intranet, se prolonge par des ateliers en présentiel. Trois questions à la psychologue du travail, Charlotte Schellenberg, sur ce projet pensé pour dédramatiser le sujet de la santé mentale au travail et défier les tabous.

Comment s’est déroulée l’installation de SaMenTa dans le paysage universitaire, s’est-elle fondue dans le décor ?

Avec la publication chaque mois sur Ernest d’un épisode de son journal, nous sommes allés croissant dans la gravité des thématiques abordées : de la conservation du bénéfice de ses vacances, en septembre, aux « 3B » (burn-out, bore-out et brown-out, soit la question du sens au travail), en janvier, février et mars. Ce sont des thématiques prégnantes dans le monde du travail, surtout depuis la crise Covid : 92 % des salariés français considèrent le sens au travail comme une préoccupation majeure, 42 % ont déjà entrepris une transition professionnelle en conséquence (selon une enquête Audencia de 2023).

En lançant le journal de SaMenTa, l’idée était que les agents puissent se reconnaître et se projeter dans ce personnage, ce qui lui arrive, ses questionnements. C’est un défi de mobiliser sur ces questions, donc nous avons souhaité prendre le contre-pied des campagnes de prévention habituelles, en créant un récit et des retrouvailles régulières avec un personnage, dans le temps long, à la façon d’une série.

Les contenus, qui abordent une thématique spécifique chaque mois, sont postés sur l’intranet Ernest où ils restent consultables, et un atelier est proposé à la Maison des personnels. A chaque fois, des personnes différentes viennent y participer, mais il y aussi quelques habituées qui apprécient le format convivial des ateliers, en prenant en même temps leur pause déjeuner. 

SaMenTa permet de mettre sur la table un certain nombre de problématiques sur des sujets pour lesquels les gens ne vont pas forcément faire la démarche d’aller consulter. La logique est d’ouvrir les perspectives, donner des clés pour appréhender une problématique et la dépasser. Ainsi de l’épisode de décembre, consacré aux fêtes de Noël en famille, qui en stresse certains. SaMenTa démontre qu’il n’y a pas de fatalité : il existe des stratégies, des réflexions à développer pour toute situation ayant un impact négatif sur notre santé mentale. à mettre en place, pour vivre la période plus sereinement.

Quel bilan à mi-étape ?

Le projet vient à la suite de celui mené sur l’organisation, durant lequel nous sommes allés, avec deux apprentis, à la rencontre de l’ensemble des structures de l’université, pendant quatre ans (de 2018 à 2022), dans le but de prévenir les Risques psycho-sociaux (RPS). Ces deux approches sont complémentaires : il est nécessaire de travailler à la fois sur l’organisation du travail en identifiant ce que les structures peuvent améliorer, mais aussi sur ce que les agents peuvent mettre en place, à leur échelle. Le projet SaMenTa met le focus sur ce deuxième axe, à savoir ce que la personne peut faire pour protéger sa santé mentale face à des conditions de travail pas toujours optimales.

Concernant le bilan à mi-étape du projet, les posts sont plutôt bien consultés sur Ernest, avec en moyenne plus de 500 vues, même si certaines thématiques mobilisent plus que d’autres.

Les gens m’en parlent, en ont une bonne image. Mais quand je demande en formation qui connaît SaMenta, c’est le cas pour seulement la moitié : il y a encore une marge de progression ! Je n’ai pas non plus noté une hausse des demandes de consultation (même si ce n’est pas forcément l’objectif).

Et pour la suite ?

SaMenTa est un projet à durée indéterminée. Pour le moment, le dévoilement mensuel des épisodes du journal est prévu jusqu’en décembre 2025. Mais j’ai encore plein de sujets en tête à aborder : les histoires de SaMenta peuvent potentiellement se décliner à l’infini !

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article