Repenser le numérique et son impact : deux journées d’études dédiées aux interactions humains-machines
Le numérique est-il vraiment immatériel ? Derrière nos écrans se cachent des infrastructures bien réelles et énergivores. Les 7 et 8 avril, le laboratoire Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistiques (Accra) organise deux journées d’études pour déconstruire nos imaginaires du numérique et questionner son impact environnemental. Entre cartographie des infrastructures et exploration d’alternatives graphiques, comment repenser notre relation aux technologies ?
Quel impact notre ordinateur ou notre téléphone portable ont-ils sur l’environnement ? Au-delà de l’objet propre, le « travail » qu’ils fournissent pour répondre à nos questions, afficher des iconographies et nous présenter leurs designs chiadés consomme beaucoup. Nolwenn Maudet, chercheuse au laboratoire Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistiques (Accra) de l’Université de Strasbourg, souligne qu’en 2022, 4,4 % des émissions de gaz à effet de serre françaises provenaient du numérique.
Le numérique ne consomme pas énormément par rapport aux autres industries, mais il augmente beaucoup. Cela pourrait aller jusqu’à tripler à l’horizon 2050 si l’on continue sur la même voie
, assure-t-elle. Il faut donc changer la représentation que nous en avons comme étant un outil peu impactant environnementalement parlant.
C’est tout l'objet des deux journées d’études organisées les 7 et 8 avril par le laboratoire Accra (et le projet de recherche Limites numériques, dont Nolwenn Maudet fait partie avec Anaëlle Beignon, co-organisatrice) sur les Représentations (non)écologiques du numérique.
Explorer nos représentations des technologies
On travaille plus précisément sur le rôle du design numérique dans les impacts environnementaux du numérique
, détaille la maîtresse de conférences. La conception de sites web, d’applications, de logiciels... Ces journées d’études nous font réfléchir à la manière dont on se représente tout cela.
En explorant les interactions entre les humains et les machines sous l’angle du design numérique, l’idée est de déconstruire les imaginaires et de conscientiser leur impact environnemental.
Déconstruire les imaginaires et conscientiser leur impact environnemental
L’accent sera également mis sur les infrastructures du numérique dans Strasbourg. Contrairement à l’idée largement répandue que le numérique est immatériel, la « balade des infrastructures » du 7 avril mettra en lumière la présence de câbles, de serveurs et d’autres réseaux urbains qui soutiennent notre usage quotidien du web. Le numérique est souvent perçu comme une entité abstraite, flottant quelque part dans nos “clouds”. Mais en réalité, il repose sur des infrastructures physiques très concrètes
, explique Nolwenn Maudet.
Sensibiliser, pour un numérique plus durable
La journée du 8 avril entend donc interroger nos représentations des technologies : pourquoi perçoit-on encore le numérique comme une alternative propre, alors qu’il repose sur des infrastructures qui prennent de l’espace et consomment énormément d’énergie et d’eau
? Cette distorsion entre un simple pictogramme du nuage symbolisant le cloud et le gigantesque datacenter correspondant
sera au cœur des discussions.
Cet événement, ouvert aux étudiants, aux chercheurs et au grand public, cherche à sensibiliser chacun à ces enjeux, car nous sommes tous utilisateurs du numérique
, souligne la co-organisatrice. Mais aussi à travailler, dans un second temps, à proposer de nouvelles manières de l’utiliser tous les jours. En provoquant une prise de conscience collective sur notre consommation des technologies, les chercheurs souhaitent explorer de nouvelles alternatives visuelles des interfaces numériques.
Le tout sera rythmé par des ateliers d’artistes, de designers et de chercheurs, pour décortiquer et déconstruire les imaginaires en rendant compte de la matérialité du numérique
. Cartographier le numérique et son cycle de vie, se questionner sur la représentation graphique de l’empreinte carbone d’un site web, imaginer des indicateurs de consommation énergétique en temps réel… Le fait qu’on n’ait jamais besoin d’attendre quand on fait une recherche sur le net ne laisse pas transparaître toute l’énergie qui entre en jeu. On ne perçoit alors pas qu’il y a quelque chose en train de se passer pour arriver à un résultat
, vulgarise Nolwenn Maudet. En route vers un numérique plus conscient !
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