Le nipocalimab : vers la fin de l’errance médicale pour la maladie de Sjögren ?
Jacques-Éric Gottenberg, professeur à l’Université de Strasbourg (PU-PH), chef du service de rhumatologie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg et membre de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IBMC – CNRS), a coordonné un essai multicentrique évaluant les effets du nipocalimab chez des patients atteints de la maladie de Sjögren. Les résultats, prometteurs, ont été publiés dans la revue américaine The Lancet.
L’essai multicentrique mené dans 69 centres a été réalisé sur 163 patients (dont 92.6% de femmes). Il évalue une nouvelle cible thérapeutique dans cette maladie en diminuant le taux sanguin des auto-anticorps des patients.
À 24 semaines, les participants ayant reçu la dose de 15mg/kg de nipocalimab toutes les deux semaines, ont présenté une amélioration relative de l’activité de la maladie supérieure à 70% par rapport au groupe placebo. Ces résultats prometteurs méritent d’être confirmés à plus grande échelle. Une étude de phase 3 est actuellement en cours de recrutement.
0,1% de la population adulte en France concernée
Selon les données émises par l’Assurance maladie, près de 50 000 personnes seraient atteintes de la maladie de Sjögren. En réalité, ce chiffre s’avère probablement sous-évalué.
Ce syndrome, qui affecte environ 0,1% de la population adulte en France, provoque des symptômes très invalidants comme la sécheresse buccale et oculaire, des douleurs articulaires et une profonde asthénie. À terme, la moitié des patients développent des complications d’organe et 5% un cancer (lymphome).
Ces signaux, souvent mal pris en compte, laissent de nombreux patients en errance médicale. Le Centre de référence coordonnateur des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires systémiques rares de l'adulte Est et Sud-Ouest (Reso) des HUS suit environ 500 patients atteints de cette maladie.