Par Marion Riegert
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Voyage au centre du noyau terrestre

Un article paru dans Nature Geoscience fixe le cycle de rotation du noyau terrestre à 70 ans. Un chiffre qui ne fait pas consensus. Embarquement au centre de la Terre avec Séverine Rosat, chercheuse à l’Institut Terre et environnement (Ites – CNRS/Unistra/Engees) qui a participé à la relecture de l’article.

Croûte terrestre, manteau terrestre, noyau liquide, il faut passer les différentes couches de la Terre pour atteindre la partie solide qui occupe son centre : le noyau interne aussi appelé la graine. Composé principalement de fer comme le noyau liquide, il mesure 1 220 km de rayon contre 6 371 km pour le rayon terrestre, et sa température avoisine les 5 000 °C. La graine résulte du refroidissement de la Terre. Elle grandit avec le temps et ne serait pas sphérique selon l’hypothèse en vigueur chez les scientifiques.

Le soupçon de sa rotation différentielle par rapport au reste de la Terre nait dans les années 1980. Dans le noyau liquide, des écoulements génèrent le champ magnétique terrestre. En modélisant le phénomène, des chercheurs mettent en évidence la rotation différentielle de la graine.

Des variations sur la durée du jour

Des études postérieures permettent de confirmer l’hypothèse. Et ce en mesurant les différences à différents moments entre les temps d’arrivée des ondes sismiques qui traversent le noyau et la graine. Si rien n’avait changé au niveau de la graine, il devrait y avoir le même décalage à chaque mesure, précise Séverine Rosat qui souligne qu’il ne peut s’agir d’un simple mouvement libre dans le noyau liquide. La graine étant contrainte par les forces qui s’exercent sur elle.

Conséquence de cette rotation : Des variations sur la durée du jour et des effets sur le champ de pesanteur terrestre. On ne sait pas encore s’il y a un effet sur le champ magnétique.

Plusieurs pistes restent à explorer

L’article suggère un lien entre la rotation de la graine et les phénomènes climatiques

La nouveauté de l’article paru dans Nature Geoscience réside dans l’établissement d’une durée des cycles de rotation. Soit 70 ans : 35 ans dans un sens et 35 dans l’autre. Les auteurs de l’étude ont noté que durant 35 ans la graine allait plus vite que le manteau terrestre*. En 2009, elle ralentit jusqu’à être quasiment synchrone avec ce dernier, avant de repartir dans le sens inverse de celui du manteau terrestre, explique Séverine Rosat qui préfère rester prudente sur les chiffres. Pour le moment c’est une tendance, nous n’avons que 56 ans de données...

Autre nouveauté : l’article suggère un lien entre la rotation de la graine et les phénomènes climatiques. Plusieurs hypothèses sont à l’étude et plusieurs pistes restent à explorer. Pour le moment, il n’y a pas de consensus sur les causes de ce changement de rotation du noyau interne terrestre, que des hypothèses… Le noyau est loin d’avoir livré tous ses mystères…

*Le manteau terrestre est la couche intermédiaire entre le noyau terrestre et la croûte terrestre.

Séverine Rosat travaille sur l’oscillation de la graine et ses effets sur le champ de gravité terrestre. Depuis 3 ans, elle s’intéresse aux variations de la longueur du jour en lien avec cette oscillation. Elle dirige également une thèse qui vise à étudier si les processus à l’œuvre dans le noyau peuvent perturber le champ de gravité terrestre.

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