Une cible thérapeutique prometteuse dans le traitement de la myopathie myotubulaire
La myopathie myotubulaire est une maladie rare d’origine génétique caractérisée par une importante faiblesse musculaire pouvant causer des difficultés respiratoires et pour laquelle aucun traitement n’existe aujourd’hui. Dans un article publié dans la revue JCI Insight, le laboratoire de Jocelyn Laporte, chercheur à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC – CNRS/Inserm/Unistra), montre que l’inhibition de l’activité de l’enzyme PI3KC2β prévient le développement de cette myopathie chez des souris atteintes. Une cible thérapeutique prometteuse.
Les myopathies congénitales sont des maladies génétiques rares, caractérisées par une faiblesse musculaire et par des anomalies structurales des myofibres, les fibres musculaires responsables de la contraction des muscles. La myopathie myotubulaire, liée au chromosome X, est une des formes les plus fréquentes et les plus sévères de myopathie chez l’humain. Elle résulte de mutations dans le gène MTM1, codant pour une phosphatase ciblant le lipide PtdIns3P et nommée myotubularine, une protéine requise pour le bon fonctionnement des cellules musculaires.
La myopathie myotubulaire est liée à une perte de myotubularine et à une augmentation des niveaux de PtdIns3P. Récemment, des études montrent que la perte totale de la PtdIns-3-kinase PI3KC2β améliore le phénotype d'un modèle de souris de myopathie myotubulaire.
Prévenir les défauts moteurs, l’atrophie et la faiblesse musculaire
Dans cette étude, les scientifiques s’intéressent à la nécessité, ou non, de l’activité kinase de PI3KC2β dans l’amélioration du phénotype des souris malades. Pour cela, ces derniers ont supprimé spécifiquement l’activité kinase de PI3KC2β tout en maintenant un niveau de protéine normal via une mutation ponctuelle du site actif, dans les souris modèles de la myopathie myotubulaire associée à la perte du gène MTM1.
Les chercheurs montrent que la suppression de l’activité kinase de PI3KC2β permet de prévenir les défauts moteurs, l’atrophie et la faiblesse musculaire ainsi que les anomalies histologiques et ultrastructurales de la myopathie myotubulaire. Cette prévention est corrélée à la normalisation du niveau de PtdIns3P dans le muscle, elle-même corrélée à une normalisation de l’activité de la voie mTOR, une voie impliquée dans de nombreux processus cellulaires.
Les scientifiques mettent en lumière qu’une inactivation partielle de la kinase PI3KC2β, n'a permis qu'une amélioration partielle du phénotype des souris, mettant en évidence un effet dose-dépendant. Ces résultats soutiennent le développement d'inhibiteurs spécifiques de l’activité kinase de PI3KC2β pour améliorer la myopathie myotubulaire.
- Retrouvez l'article sur JCL Insight
- Pour aller plus loin lire aussi, "Transmission de la recherche : « La science n’appartient à personne »"
Mots-clés
Mots-clés associés à l'article :