Par Marion Riegert
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Un peptide pour cibler la matrice tumorale immunosuppressive et améliorer les traitements anticancéreux

Gertraud Orend, chercheuse au laboratoire d'Immuno-rhumatologie moléculaire (Inserm U1109/Unistra), s'intéresse au microenvironnement tumoral dans le but d'améliorer des immunothérapies ciblées contre le cancer. Dans un nouvel article publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), elle décrit un peptide qui permet aux cellules immunitaires de combattre les tumeurs.

Dans le microenvironnement tumoral, les cellules cancéreuses et immunitaires sont organisées au sein d’une matrice extracellulaire spécifique, en grande partie composée d'une protéine, la ténascine-C. Cette dernière active les voies de signalisation et forme une barrière autour des cellules tumorales, emprisonnant ainsi les cellules immunitaires et inhibant le système immunitaire contre les cellules cancéreuses. Quand on inhibe la ténascine-C pour laisser passer les cellules immunitaires, celles-ci peuvent alors combattre la tumeur, explique Gertraud Orend.

Dans une publication dans la revue Matrix Biology en 2022, la chercheuse identifie des séquences de la fibronectine, une autre protéine matricielle, utilisées pour se lier à la ténascine-C, qu'elles appellent Maremo pour Matrice Regulatif Motif. Les scientifiques développent ensuite un peptide pour imiter le Maremo qui inhibe les activités immunosuppressives de la ténascine-C dans les expériences de culture cellulaire. Reste à savoir si le peptide a un effet inhibiteur sur les tumeurs.

Révolutionner les thérapies immunitaires

Les tests réalisés avec ce peptide sur des modèles murins immunocompétents de cancer du sein et du pancréas et publiés dans PNAS sont encourageants. Dans 30 % des cas la tumeur du sein disparaît. Les marqueurs du cancer régressent et les cellules immunitaires peuvent pénétrer la tumeur. Cibler la matrice tumorale pourrait révolutionner les thérapies immunitaires, se réjouit Gertraud Orend. 

Prochaine étape : mieux comprendre le fonctionnement du peptide et son action sur la ténascine-C. Les chercheures souhaitent également l’associer à d’autres soins ciblés. Nous réaliserons également des tests avec George Noel et Hélène Burckel, radiologues à l'Institut de cancérologie Strasbourg Europe (Icans), associant la radiothérapie à l'utilisation de ce peptide.

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