Par Elsa Collobert
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Transfrontaliers et innovants, deux projets boostés grâce à des financements Seed Money d'Eucor - Le Campus européen

Lancé en 2017, le dispositif Seed Money ne cesse de prouver son utilité, en mettant de pied à l'étrier de nombreux porteurs de projets, à l'échelle d'Eucor - Le Campus européen. Cette année encore, huit d'entre eux ont été sélectionnés pour recevoir un premier soutien financier, tant en formation qu'en recherche. Rencontre avec Étienne Baudrier, qui porte un nouveau master en informatique, et Dominique Armspach, pour son projet de piégeage de polluants persistants à l'aide de nouvelles molécules.

Vers un master Eucor en informatique

Malgré l'importance croissante de l'informatique pour la science et l'industrie, le manque de
personnel qualifié dans le domaine est flagrant. Le projet
Eucor Master's Program in Computer Science a pour vocation de changer cela, en renforçant l'attractivité de la région du Rhin supérieur dans ce domaine.

Lauréat de l’appel à projet Seed Money dans la catégorie formation, le projet a pour objectif de créer un diplôme international, en capitalisant sur les enseignements déjà existants, et en intégrant une fenêtre de mobilité.

L’ambition n’est pas de créer une nouvelle spécialité : il existe déjà de nombreux parcours en informatique parmi les universités intégrées dans ce projet, qui sont pour l’instant l’Université de Bâle – porteuse du projet – l’Université de Strasbourg et l’Université de Haute-Alsace. Le diplôme de master est commun aux universités de Strasbourg et de Haute-Alsace. Le parcours est aussi ouvert aux étudiants allemands du Karlsruher Institute für Technologie (KIT), également membre d'Eucor - Le Campus européen, explique Etienne Baudrier, maître de conférences à l'UFR de mathématique et d’informatique, référent du projet pour l'Unistra.

Apporter une cohérence

Ce projet va nous permettre d’apporter une cohérence à ce qui est déjà proposé en termes de mobilité Eucor, en obtenant par exemple une compatibilité des emplois du temps pour faciliter cette mobilité, poursuit le réfétent du projet pour l'Unistra. Également correspondant international au sein de l'UFR, c’est avec le consensus de l’ensemble de l’équipe pédagogique qu’il s’est lancé dans ce projet.

Le financement va nous permettre de mettre en œuvre un soutien à la mobilité et également de faire connaître ces nouvelles possibilités : proposer une formation plus riche en mutualisant les cours, avec une plus-value interculturelle, ajoute Etienne Baudrier.

C’est aussi un parcours de mobilité vertueux entre des pays différents, mais proches. Il s’agit dans un premier temps d’initier une dynamique pour développer un parcours Eucor en informatique mentionné sur le diplôme, avec dans l’idéal un semestre réalisé dans chaque université, pour chaque étudiant. L’objectif final est de pouvoir inscrire ce parcours en tant que double ou triple diplôme, conjoint aux universités parties-prenantes.

L'alliance de deux chimistes pour épurer les eaux du bassin versant du Rhin

La nappe phréatique rhénane est présente des deux côtés du Rhin, se jouant des frontières. Il était donc logique pour deux scientifiques français et allemand d'allier leurs forces, pour trouver des solutions aux pollutions dont ces eaux peuvent être l'objet.

Piéger les polluants persistants

C'est exactement ce que font Dominique Armspach (Université de Strasbourg, Institut de chimie, CNRS/Unistra) et Michael Meier (Karlsruher Institute für Technologie) avec le projet Smart functional sequence-defined oligomers and polymers incorporating rigid cyclodextrin host molecules. Le premier est spécialiste des cyclodextrines, des molécules hôtes d’origine naturelle capables de piéger de nombreuses molécules organiques ; le second de chimie des polymères à séquence définie. Avec leurs équipes, ils souhaitent développer un projet combinant leurs deux approches : Notre idée est d'incorporer les cyclodextrines que je développe dans les polymères du professeur Meier, pour piéger des polluants persistants dans l'environnement.

Teflon et moteurs diesel

Les applications de cette recherche ouvrent de grands espoirs : Capturer des molécules polluantes persistantes, comme par exemple des tensioactifs fluorés, très probables perturbateurs endocriniens et cancérigènes, notamment ceux utilisés dans la fabrication d'un revêtement antiadhésif bien connu, le Teflon ; ou encore des hydrocarbures polyaromatiques. A terme, on peut imaginer que cette solution soit intégrée aux systèmes de traitement des eaux en station d'épuration, fonctionnant à la manière d'une colonne échangeuse d'ions. D'autant que la matrice polymère est potentiellement recyclable à l'infini, grâce à un nettoyage à l'aide de solvants adéquats.

Si les applications ne sont pas encore garanties, le succès en laboratoire l'est quasi-assurément : Nous avons les molécules-cibles. Habituellement, les cyclodextrines sont difficilement accessibles aux molécules hydrophobes polluantes au sein de matrices polymères, mais les nôtres conviennent parfaitement, en raison de leur rigidité, qui empêche tout phénomène d’auto-inclusion.

Nos compétences sont complémentaires et ne peuvent fonctionner l'une sans l'autre, précise le chimiste. Nous avons eu l'idée de travailler en commun parce qu'un post-doctorant ayant travaillé avec Michael Meier est venu poursuivre ses recherches dans mon laboratoire.

Les 36 000 € reçus de SeedMoney serviront à financer les manipulations de deux étudiants de master 2 pendant six mois. Ensuite, il sera temps de déposer des projets dans le cadre d'autres appels à projets, notamment européens, comme Interreg. On peut donc dire que le financement SeedMoney joue à plein son rôle d'initiateur de projet.

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