Par Elsa Collobert
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Yvette Koye imagine la lingerie écoresponsable de demain

Transformer la fibre de bananier en tissu, matière première pour des sous-vêtements : c’est l’idée qu’a eue la Mulhousienne Yvette Koye. Formée à l’ingénierie textile avant de se spécialiser en création d’entreprise à l’Université de Strasbourg, la jeune entrepreneuse modernise la filière du textile en la verdissant ! La production de sa première culotte prototypée est sur le point d'être lancée à grande échelle, sous l’égide de sa marque, Natur’Lingerie, tout juste créée. Rencontre.

Aloe vera, bambou coton, bananier… Toutes les fibres végétales ne se valent pas et Yvette Koye est bien placée pour le savoir. Avec en tête l’idée de développer sa ligne de sous-vêtements féminins, elle les a étudiés sous toutes les coutures pour trouver sa pépite. Impact environnemental, propriétés antibactériennes, coût… La fibre de bananier cochait toutes les cases : Aucun pesticide n’est utilisé pendant le processus de transformation et son acheminement se fait majoritairement par bateau, depuis l’Inde et l’Indonésie. Une bonne alternative aux fibres synthétiques.

Ce constat fait, elle se rapproche de La petite Manchester, atelier de confection mulhousien, qui conçoit son prototype de culotte, l’année dernière. J’ai un peu revu à la baisse ma première production : avec 100 m de tissu, je serai en mesure de produire 1 000 culottes. J’ai eu l’idée de lancer un crowdfunding, mais ça n’a pas pris car je pense que je m’y suis prise un peu trop en amont. Quelque peu ralentie dans ses recherches de financements – mais des solutions sont en train de se concrétiser – elle s'accroche à son idée, convaincue par son intuition : concevoir des sous-vêtements féminins conçus dans un matériau auparavant non valorisée, colorés par de la teinture végétale. Pour le moment, la culotte que j’ai développée est disponible dans deux coloris. Le choix d’un atelier local, qui emploie des personnes en réinsertion, s’inscrit aussi totalement dans la philosophie du projet, rajoute Yvette Koye. Elle peut s’appuyer sur un cahier des charges et un business plan solides.

Côté prix, elle a déterminé un montant par unité de 27,9 €. J’ai conscience que c’est assez élevé. Mais cela pourrait baisser si je parviens à augmenter la production. C’est aussi un choix, de payer davantage pour un produit de qualité. Je pense par exemple aux produits d’hygiène intime. Pour la diffusion, elle table sur la vente en ligne, à travers des market places éco-responsables, ainsi que sur la plus traditionnelle vente à domicile.

Fibre entrepreneuriale

En 2020, la crise du Covid a coïncidé avec la fin de ma formation de chef de produit, à l’Institut supérieur du textile d’Alsace, se remémore Yvette Koye. Je savais que je voulais me lancer dans l’entrepreneuriat. J’avais ce qu’on appelle… la fibre, justement ! Elle choisit de rejoindre le Diplôme universitaire étudiant entrepreneur (DU2E) pour déployer son concept commercial, muri pendant la pandémie : celui d’une ligne de sous-vêtements éco-responsables, respectueux à la fois de la planète et de la santé des femmes. J’étais déjà sensibilisée à la question dans mon quotidien, ça me paraissait logique de continuer dans cette voie.

D’abord formée en DUT chimie en Côte d’Ivoire, en 2015, Yvette Koye choisit naturellement d’orienter ses études vers la filière textile, pour faire d’une passion un métier. Plus jeune, je m’intéressais beaucoup aux vêtements, à leur origine, etc. Elle rejoint la France, et plus particulièrement Mulhouse, à la forte empreinte textile, en 2016, pour compléter sa formation.

L’industrie textile est très polluante, avec une énorme consommation d’eau et de produits polluants, notamment les teintures. Mais la filière a conscience de ses défauts et une remise en question globale est en cours pour limiter l’impact. Cette dimension était très présente pendant ma formation, et c’est aujourd’hui inscrit dans l’ADN de mon projet.

* Proposé par l’Université de Strasbourg, l’Université de Haute-Alsace, l’INSA Strasbourg et Pepite-Etena Alsace

Les conseils d’Yvette Koye pour lutter contre la « fast fashion »

- Acheter des vêtements d’occasion
- En acheter moins, quelques belles pièces intemporelles

- Rien n’oblige à boycotter les marques de fast fashion, mais les conserver longtemps
- Résister à l’achat impulsif, réfléchir avant d’acheter : en ai-je vraiment besoin ?
- Bien regarder sur les étiquettes la composition et l’origine des vêtements

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