Sur les traces des origines d’une graine vieille de plus de 1 000 ans
Deux chercheurs de l’Institut de chimie de Strasbourg (ICS-CNRS/Unistra), Pierre Adam et Philippe Schaeffer, ont mené l’enquête avec des scientifiques israéliens, américains, suisses et australiens pour déterminer l’origine botanique d’une graine vieille de 1 000 ans découverte en Judée. La plante qui en est issue aurait été mentionnée dans la Bible.
Tout commence par la découverte d’une graine, âgée entre 993 et 1 202 ans, dans une grotte du désert de Judée dans les années 80 et plantée en 2010 par une équipe de chercheurs israéliens. Une dizaine d’années plus tard, la plante a poussé et des études sont menées pour déterminer son origine.
Spécialisés dans l’analyse moléculaire et ayant déjà réalisé des recherches sur des substances organiques provenant d’objets archéologiques, les deux chercheurs de l’Institut de chimie sont contactés par la scientifique israélienne Sarah Sallon. Elle voulait notamment déterminer s’il y avait des substances aromatiques dans la plante. C’est assez rare que nous soyons contactés par des équipes avec lesquelles nous n’avons jamais eu de lien
, rapporte Philippe Schaeffer qui reçoit avec son collègue un échantillon de feuille, de résine et de tige.
Une famille de composés jamais décrite
Les analyses moléculaires permettent de déterminer qu’il s’agit d’une plante présentant des vertus médicinales. Des analyses phylogénétiques permettent de la rattacher au genre Commiphora. Ce genre comprend plusieurs espèces, trouvées principalement en Afrique continentale, à Madagascar et dans la péninsule arabique.
Soit l’espèce en question n’a pas encore été étudiée, soit elle a disparu
Une famille de composés de cette plante n’a pour sa part encore jamais été décrite. D’après la bibliographie, le produit naturel qui s’en rapproche le plus est le Guggul, un végétal utilisé en médecine ayurvedique
, explique Philippe Schaeffer qui évoque deux hypothèses en suspens : Soit l’espèce en question n’a pas encore été étudiée, soit elle a disparu.
Une plante mentionnée dans la Bible ?
Leurs analyses moléculaires permettent toutefois d’écarter la piste du Baume de Judée ou Baume de Galaad initialement envisagée par l’équipe israélienne. Il s’agit d’une résine odorante, réputée dans l’Antiquité et décrite dans la Bible. Elle était produite à partir d’un arbre qui n’est plus mentionné à partir du 9e siècle. Mais notre Commiphora n’a que très peu de composés aromatiques
, raconte Pierre Adam.
Reste une autre piste : celle d’un baume aux propriétés médicinales et non aromatique également mentionné dans la Bible. Il faudrait réaliser des analyses pharmacologiques sur la nouvelle famille de composés identifiés pour déterminer ses propriétés médicinales exactes. Quoi qu’il en soit, nous ne pourrons jamais être sûrs à 100% qu’il s’agit de la même plante que celle à l’origine du baume évoqué dans la Bible
, souligne Philippe Schaeffer qui envisage de publier avec son collègue de manière plus détaillée la manière dont ils ont identifié la structure de la nouvelle famille de composés propres à cette plante.
Retrouvez la publication dans Communications Biology
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