Par Marion Riegert
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Sclérose en plaques et glioblastome, une même cible pour un nouveau traitement

Deux chercheurs de l’unité mixte de recherche Biotechnologie et signalisation cellulaire ont étudié la manipulation de la polarisation des macrophages/microglies pour traiter le glioblastome ou la sclérose en plaques. Une étude originale portant sur deux maladies en apparence éloignées qui ouvre de nouvelles pistes de recherche.

*Les peptides sont des chaînes courtes d'acides aminés qui fonctionnent comme des briques de construction pour les protéines.

Depuis 15 ans, Dominique Bagnard développe des peptides* dans le but de moduler l’activité des récepteurs membranaires. Avant, cela se faisait essentiellement via l’inhibition de ces récepteurs mais aujourd’hui de nouvelles techniques permettent de les activer, explique le chercheur qui précise que cette balance activation/inhibition peut résumer la biologie.

Dans les pathologies, la dérégulation à l’œuvre conduit à une suractivation ou une sous-activation des récepteurs. Dans cette étude, Thomas Kuntzel, doctorant, et Dominique Bagnard ont eu l’idée de rapprocher deux maladies a priori éloignées : la sclérose en plaques et le glioblastome. Un de leurs points communs ? La dérégulation des cellules microgliales et des macrophages.

Contrôler les récepteurs

Les cellules pro-inflammatoires, M1, et celles anti-inflammatoires, M2, sont touchées. Dans la sclérose en plaques (SEP), il y a un excès d’activité, les cellules immunitaires sont poussées vers M1. A l’inverse dans le glioblastome, on observe une activité réduite, l’état M2 est renforcé.

L’idée des chercheurs est d’utiliser une approche pour contrôler les récepteurs et ce via le développement de peptides responsables du passage de M1 vers M2. Nous savons de mieux en mieux les transférer et les fabriquer. Grâce à ces peptides, nous pourrions moduler les cellules et les mécanismes à l’œuvre.

Une recherche sur le fil du rasoir. Les fonctions associées sont extrêmement diversifiées, nous devons être ultra précis pour ne pas déclencher d’effets secondaires. Il ne faudrait pas par exemple éteindre l’activité de M1.

Identifier les cibles thérapeutiques

Un travail d’identification des cibles thérapeutiques est notamment mené. Nous avons réalisé un test de criblage des récepteurs susceptibles d’être impliqués dans ces pathologies. Plus de 4 000 interactions biologiques sont analysées.

Thomas Kuntzel est par ailleurs parvenu à obtenir un régulateur in vitro. Une première étape concluante, mais de nombreuses autres, de validation et de contrôle de la toxicité notamment, sont encore nécessaires avant d’avoir un candidat médicament, conclut Dominique Bagnard.

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