Par Marion Riegert
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Regards sur la mystique

A l’occasion du centenaire de la Revue des sciences religieuses créée en 1921, un ouvrage anniversaire est édité. Intitulé « Regards sur la mystique », il reprend différents articles publiés sur ce thème depuis la création de la revue. Explications avec René Heyer, professeur d’éthique et de théologie morale à la Faculté de théologie catholique.

Pour fêter le centenaire de la revue, nous souhaitions rassembler différents articles autour d’une thématique. J’ai proposé le thème de la mystique, un thème plutôt marginal dans la revue que j’avais envie d’éclairer. Théologie, philosophie, morale, exégèse, histoire… La revue accueille différentes disciplines, l’idée étant de trouver dans chacune un article en lien avec le thème.

Quatorze textes sont sélectionnés et proposés du plus ancien au plus récent, avec une photocopie de la publication d’origine permettant de voir comment la revue a évolué au fil des années. Chaque auteur est présenté par un chercheur strasbourgeois. Je n’avais pas d’idées préconçues concernant le thème, j’ai fouillé les différents numéros depuis 1921. Il m’a semblé qu’il y avait deux temps, avant le concile Vatican 2 dans les années 60 et après. Ces deux temps forment les deux parties du livre, raconte René Heyer.

Un rapport immédiat à une transcendance

Avant 1960, l’Église catholique enseigne une théologie classique avec des théologiens préoccupés de méthodologie scientifique et d’histoire positive. Le sentiment reste alors à la marge et c’est ce que certains redécouvrent dans les écrits mystiques. Dans les années 60 et après, on observe une ouverture de la théologie en direction de la philosophie et des sciences humaines. Cette nouvelle perspective se traduit par quantité de recherches faisant basculer quelque chose de marginal en motif d’intérêt.

Parlez-nous de la mystique ? La mystique est à la fois expérience et pensée, c’est l’idée d’avoir un rapport immédiat qu’il soit positif ou négatif à une transcendance. On peut trouver des mystiques dans toutes les religions et même au-delà. L’Église catholique était méfiante par rapport aux mystiques qu’elle surveillait de près et en même temps, il y a toute une tradition mystique dans le christianisme.

Des textes d’une beauté extraordinaire

Plusieurs courants mystiques sont présents en France au Moyen Âge et au 17e siècle. Au 18e les mystiques connaissent une forme de répression et sont en recul. Le début du 20e siècle est pour sa part marqué par la « petite Thérèse », la carmélite de Lisieux, dont les écrits autobiographiques, dans leur simplicité, ont bouleversé les croyants. Dans son texte, l’historien Henri Bremond (1865-1933) précise que la mystique se retrouve aussi dans le profane. Pour lui, toute prière contient un élément mystique. Selon Paul Claudel, c’est aussi quelque chose de physique, tous les sens sont concernés.

La couverture de l’ouvrage, réalisée par le peintre alsacien Pascal Poirot, représente notamment des échelles. Elles symbolisent l’idée que le mystique gravit les marches vers des rencontres de plus en plus directes avec Dieu. Apparitions, lévitation, stigmates, « anorexie sainte »…, la mystique se distingue sans doute par des phénomènes exceptionnels, mais ce qui est le plus frappant pour moi ce sont les textes d’une beauté extraordinaire de mystiques qui nous sont restés.

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