Par Marion Riegert
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Le point sur l’évolution démographique de la France

Didier Breton, chercheur au laboratoire Sociétés, acteurs et gouvernement en Europe (Sage – CNRS/Unistra) et chercheur associé à l’Institut national d'études démographiques (Ined), coordonne pour la dernière année l’article annuel de l’institut qui porte sur la démographie de la France. Retour sur les faits marquants de cette édition 2024 qui propose une comparaison avec les pays de l’Union européenne.

La situation géographique

Deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne, au 1er janvier 2024, la France comptait 68,4 millions d’habitants, soit 230 000 de plus qu’au 1er janvier 2023. Le solde naturel, c’est-à-dire la différence entre naissances et décès, est bas. Le moteur démographique de la France aujourd’hui, ce sont les migrations, souligne Didier Breton qui note que si l’accroissement de la population en France continue d’augmenter, il est en dessous de la moyenne européenne. 

Les flux migratoires

La mesure des flux migratoires se base sur les titres de séjour. L’effet Covid qui avait ralenti les flux d’entrées de ressortissants de pays tiers est passé, en 2022 ils atteignent ainsi le niveau le plus élevé depuis 2000 (282 957 personnes). Ces flux concernent essentiellement les femmes de tous les continents pour raisons professionnelles.

La fécondité

L’enfant n’apparait plus forcément comme une priorité et l’âge du premier enfant augmente énormément

En France, le modèle est en train de changer. En 5 ans, il y a eu 100 000 naissances de moins. L’indice de fécondité est au plus bas depuis l’après-guerre. La France hexagonale est à 1,59 enfant par femme, contre 1,4 pour la moyenne européenne. En 2011, nous étions à 2. Et ce, quel que soit l’âge et le niveau de diplôme des femmes. Cela va de pair avec l’augmentation de la part des femmes qui ne sont pas en couple cohabitant. L’enfant n’apparait plus forcément comme une priorité et l’âge du premier enfant augmente énormément… A titre de comparaison, ne pas avoir d’enfants durant l’entre-deux-guerres était fréquent mais c’était compensé par les familles nombreuses qui aujourd’hui sont devenues marginales. Le système de répartition des retraites est basé sur l’équilibre intergénérationnel. La baisse des naissances va nous forcer à réimaginer ce modèle de cohésion sociale.

L’interruption volontaire de grossesse (IVG)

L’IVG augmente en France qui est, avec la Suède, le pays où elle est la plus élevée. La comparaison est plus difficile à établir avec le reste de l’Union européenne car les règles ne sont pas les mêmes. La France fait partie des pays où la loi est la moins restrictive.

La nuptialité

Le nombre de mariages en 2023 et de Pacs en 2022 est en légèrement augmentation, avec un âge moyen au mariage qui continue d’augmenter rapprochant la France des pays du Sud et de l’Ouest de l’Europe. A noter que la proportion de naissances hors mariage est la plus élevée d’Europe (65,2 %).

La mortalité

En France, l’espérance de vie augmente. L’écart de mortalité entres les hommes et les femmes se réduit, même s’il reste plus élevé que dans l’Union européenne. Les femmes françaises ont une des espérances de vie les plus élevées d’Europe. En revanche, la France est en retard sur le plan de la mortalité infantile qui a un peu augmenté. Le cancer est la première cause de mortalité en France, contre les maladies cardiovasculaires en Europe.

Un article de conjoncture, une "Bible" pour les démographes

L’article de conjoncture parait chaque année depuis plus de 70 ans dans la revue Population et société de l’Ined. Il s’agit d’une analyse poussée (80 pages) de la situation démographique de la France, découpée en six parties (Situation géographique, flux migratoires…) avec chaque année, un fil rouge. Cette année, il s’agit de la comparaison avec l’Union européenne avec un travail sur des données, notamment de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), de 2022 à début 2024, précise Didier Breton qui coordonne la revue depuis huit ans. Nous sommes cinq auteurs au total de toute la France. Le bilan est une obligation légale, il est envoyé aux parlementaires. Disponible en accès libre sur internet et traduit en anglais, il sert également aux étudiants et aux chercheurs. Pour les démographes, c’est une sorte de Bible. Les articles de conjoncture donnent des données générales. Il reste à les expliquer pour aller plus loin. Notamment pour la natalité, un sujet peu étudié qui m’intéresse tout particulièrement.

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