Par Marion Riegert
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Le point sur la découverte de CO2 sur une exoplanète par le télescope James Webb

Le télescope spatial James Webb a permis de détecter du CO2 sur une exoplanète appelée Wasp-39B. Une première que nous explique Christian Boily, chercheur à l’Observatoire astronomique de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg), spécialiste de la dynamique stellaire et de l’évolution des galaxies.

Parlez-nous de cette planète

Wasp-39B est une planète gazeuse de type Jupiter chaud où les températures sont à plus de 1 000 degrés Kelvin. Wasp pour « Wide Angle Search for Planets » signifie également guêpe en anglais. Assez opaque pour qu’il y ait une atmosphère, elle a la masse de Saturne. Située dans un système solaire de la Voie lactée, à une centaine d’années lumières de chez nous, Wasp-39B est la première planète après l’étoile de son système appelée Wasp-39, chose rare pour une planète massive. En raison des températures, cette planète, découverte en 2011, doit perdre par évaporation une partie importante de son atmosphère.

Comment les chercheurs ont-ils découvert le CO2 ?

Pour détecter cette signature, les scientifiques se basent sur les mesures de l’infrarouge qui permet d’étudier l’absorption moléculaire de la planète. Quand la planète, qui a une orbite de quatre jours, passe entre son étoile et le télescope James Webb, elle bloque la lumière de l’étoile deux, trois heures. Cela donne un meilleur contraste et permet de mesurer le spectre de la planète. Les chercheurs lui soustraient ensuite celui déjà mesuré de l’étoile permettant d’obtenir différentes informations dont la présence de CO2. Un calcul rendu possible par la taille massive de la planète qui occulte l’étoile lorsqu’elle passe devant. C’est plus compliqué avec des planètes plus petites.

Pourquoi cette découverte est-elle intéressante ?

Ce qui est intéressant, c’est la qualité des données. La présence de CO2 sur cette planète était déjà soupçonnée mais c’est la première fois que l’on peut étudier sa composition, grâce à une signature très nette et de qualité. Cela confirme que James Webb nous amène dans une ère nouvelle dans l’étude des exoplanètes. 6 000 ont été détectées à ce jour, c’est une première étape. Par ailleurs, la présence de CO2 indique qu’il y avait une abondance chimique de CO2 lors de la création de ce système solaire et peut être interprétée comme le résultat d’une combustion physiologique et donc de la présence de vie, peut-être dans d’autres planètes, plus petites et moins chaudes, aussi liées à l’étoile Wasp-39.

James Webb nous amène dans une ère nouvelle dans l’étude des exoplanètes

Pour nous, à Strasbourg, c’est intéressant dans le cadre de notre travail de modélisation de la formation des galaxies. Les étoiles que nous cherchons à former se trouvent souvent sous forme d’étoiles binaires. Cela nous pose des questions, si nous enlevions les étoiles binaires de nos considérations, est-ce que nous pourrions aboutir à ce genre d’évolutions ? Si oui, avec quelle probabilité ?

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