La « Revue des sciences sociales » a 50 ans
Ce numéro 68 de la « Revue des sciences sociales », paru fin 2022 aux Presses universitaires de Strasbourg, « spécial jubilé », fait un retour historique sur le parcours et l’évolution de la revue et interroge les nouvelles formes d’écriture en sciences sociales.
Julien Freund, alors directeur de la Faculté des sciences sociales, a créé en 1972 la « Revue des sciences sociales de la France de l’Est ». Freddy Raphaël (professeur émérite, UMR 7069 Laboratoire interdisciplinaire en sciences culturelles-LinCS), qui lui a succédé à la direction de la revue en 1980, se souvient : Cette revue, née à l’université, avec son soutien qui ne s’est jamais démenti, avait au départ pour objectif de mettre en question le culte identitaire d’une alsacianité mythique, qui voulait se parer de toutes les vertus. Ce qui nous a d’ailleurs attiré quelques ennuis, puisque nous avons même subi des menaces…
Le goût de « l’exotisme proche »
La revue a exploré, au fil des années, ses problématiques de prédilection, comme la frontière, en tant qu’espace de passage, d’entre-deux, mais aussi comme lieu de rupture et de séparation. Elle s’est focalisée sur l’étranger, la rencontre des cultures et l’idée d’intégration, à ne pas confondre avec l’assimilation
. Un partenariat assidu avec l’Université de Tübingen, en Forêt-Noire, a longtemps nourri ce que Freddy Raphaël appelle le goût de l’exotisme proche
. Avec toujours, en filigrane, l’exigence de relier le cadre conceptuel et théorique de la recherche à l’enquête de terrain
.
Des écritures sensibles
La revue s’est ouverte à d’autres cultures, à des « exotismes » plus lointains. Cette évolution s’est fait sentir aussi dans des changements de forme et de présentation, notamment par l’attention à l’image, à l’iconographie et au graphisme, qu’Anny Bloch-Raymond a introduite dans la revue, en couverture et à l’intérieur, dans les années 1990
, rappelle Nicoletta Diasio (UMR 7069 LinCS), qui dirige la revue depuis fin 2017. Les façons de restituer les recherches se sont diversifiées. Ce numéro anniversaire rappelle qu’on écrit la sociologie de différentes manières, par la bande dessinée, le théâtre, la photographie, le film ou encore la poésie…
Alors même que les procédures de validation, confrontées aux critères d’évaluation des revues scientifiques, se sont renforcées et standardisées, on assiste à l’émergence d’écritures plus sensibles.
Nous diffusons largement les appels à contributions dans le souci d’un pluralisme épistémologique et d’une ouverture internationale, assortie d’une politique volontariste de traduction. Nous avons développé des partenariats avec des revues d’ailleurs. Tous les ans, deux ou trois articles d’une revue non francophone (jusqu’à présent slovène, basque, allemande ou encore italienne), dont des textes inédits, sont traduits en français, en relation avec les thématiques des dossiers.
C’est Eva Laiacona, doctorante en sociologie de la santé (UMR 7069 LinCS), qui a assuré le travail éditorial de ce numéro du cinquantenaire. J’ai été honorée de participer à cette édition spéciale et ainsi, de pouvoir échanger avec les "historiques". Cela m’a fait mieux comprendre l’héritage de la revue. Les nouvelles approches devraient permettre de désenclaver encore les savoirs et de rendre les sciences sociales accessibles à un plus grand nombre.
La « Revue des sciences sociales » parait aux Presses universitaires de Strasbourg. Tous les articles, depuis l’origine, sont en ligne et d’accès libre :
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