Par Marion Riegert
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La Révolution américaine vue par l’Europe

Avec en ligne de mire le 250e anniversaire de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis signée en 1776, le projet America* 2026 s’intéresse à l’impact de la Révolution américaine en Europe. Pour ce faire, il bénéficie d’un financement de l’Agence nationale de la recherche de 2024 à 2028.

Nous sommes partis du constat qu’il y avait beaucoup d’écrits sur l’histoire américaine en Europe, nous avons voulu étudier les spécificités de cette histoire du point de vue de l’Europe, explique Ghislain Potriquet, chercheur au sein de l’unité de recherche Savoirs dans l'espace anglophone : représentations, culture, histoire (Search - Unistra). Le projet porté par Bertrand Van Ruymbeke, professeur d’histoire américaine à l’Université Paris 8, s’intéresse ainsi à la réception de la Révolution américaine en Europe de 1776 au début du 19e siècle. 

La Révolution américaine débute en 1776 dans les treize colonies britanniques d'Amérique du Nord. Elle donne lieu à la guerre d'indépendance des États-Unis contre la Grande-Bretagne et se termine en 1783 par le traité de Paris. Signé entre le Congrès de la Confédération et la Couronne britannique, il consacre la création de 13 états indépendants avec chacun leur constitution.

L’indépendance fait aussi peur aux français 

Pour les Britanniques, l’évènement remet en question leur façon de gérer leur empire. En France, nous sommes encore sous l’Ancien Régime. Les Français lisent et traduisent les constitutions américaines, ce qui leur permet de réfléchir à des réformes. La Révolution américaine fait comprendre que les théories élaborées pendant le siècle des Lumières peuvent avoir des applications concrètes, souligne Ghislain Potriquet. 

La crainte de l’avènement d’une super puissance

Cette guerre pose également un dilemme aux français : faut-il soutenir les Américains pour se venger des Britanniques ou se ranger au côté des Britanniques par crainte de l’avènement d’une super puissance ? L’indépendance fait aussi peur aux Français car les États-Unis vont devenir un géant sur tous les plans, géographique, économique… D’un autre côté, les Français voient les Etats-Unis comme un partenaire commercial qu’il est bon de ménager.

Entre modèle et contre-modèle

Dans le corpus étudié côté français, des textes à portée historique et politique, à l’image des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand, ou des écrits de l’abbé Guillaume-Thomas Raynal, un des premiers penseurs de la Révolution américaine. La révolution est aussi présente en filigrane dans une multitude d’écrits de l’époque, comme les mémoires de la Marquise de La Tour du Pin en écho à la Révolution française qu’elle est forcée de fuir. 

Vers le 19e siècle la Révolution américaine devient une révolution vertueuse et la Révolution française un contre-exemple

La Révolution américaine apparait aux yeux des Français soit comme un modèle, soit comme un contre-modèle en fonction des périodes. C’est surtout vers le 19e siècle que la Révolution américaine devient une révolution vertueuse et la Révolution française un contre-exemple, résume Ghislain Potriquet.

Le projet qui en est à ses débuts va également s’intéresser aux écrits germanophones, ou encore hispanophones… avec en point d’orgue un colloque à Paris en octobre 2026 sur le campus Condorcet. Une exposition au Musée du nouveau monde de La Rochelle est également prévue à l’été 2026. 

*Amérique, Europe, révolutions, indépendance et commémorations dans l’espace Atlantique

Une école d’été en juin 2025

A Strasbourg, Ghislain Potriquet va organiser une école d’été pour les étudiants de licence français et américains. L’idée ? Réunir une quarantaine d’étudiants des deux nationalités pour suivre des cours sur la Révolution américaine et l’implication de l’Europe.

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