Par Marion Riegert
Temps de lecture :

La protéine NSP1, le talon d’Achille du SARS-CoV-2

Spécialiste des virus à ARN, Franck Martin, chercheur au sein du laboratoire Architecture et réactivité de l'ARN de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IBMC*) travaille notamment sur le SARS-CoV-2. Le chercheur étudie la protéine du virus qui se fixe sur le ribosome pour forcer la cellule à travailler pour lui.

Lors de l’infection des cellules par le virus, la protéine NSP1 se fixe sur le ribosome – une machine moléculaire complexe qui synthétise les protéines en décodant l'information contenue dans les ARN messagers - et agit comme un cadenas qui le rend inutilisable par la cellule, explique Franck Martin. En revanche, le virus peut utiliser le ribosome et le forcer à fabriquer exclusivement ses protéines parce qu’il possède la clé moléculaire qui ouvre ce cadenas. Cette clé moléculaire est une petite structure en épingle à cheveux appelée SL1 localisée à l’extrémité de son génome. En quelque sorte, le virus privatise le ribosome de la cellule à son usage exclusif.

Des traitements antiviraux à spectre large

Ce système de cadenas-clé moléculaire est utilisé non seulement par le SARS-CoV-2 mais aussi par d’autres coronavirus. La découverte a fait l’objet d’un article en avril 2022. Les chercheurs ont dans un premier temps comparé ces éléments du SARS-CoV-2 avec le SARS-CoV-1. Nous avons constaté que NSP1 et SL1 y étaient très conservés. L’étude a ensuite été étendue aux autres coronavirus. La plupart utilisent le même mécanisme ce qui permet d’envisager le développement de traitements antiviraux à spectre large dirigés contre ce duo NSP1-SL1, souligne le chercheur qui précise que les variants du SARS-CoV-2 ne présentent pas non plus de mutations au niveau de NSP1 et SL1.

Comprendre ce qui dans ces gènes fait qu’ils sont plus sensibles à NSP1 que d’autres

Le sujet a été résumé dans un autre article paru dans un numéro spécial de la revue FEBS Open Bio sur le SARS-CoV-2 et fera l’objet d’un webinaire le 3 novembre. L’équipe de Franck Martin va désormais s’intéresser à un autre aspect de la protéine. NSP1 éteint la traduction de la cellule afin de privilégier les protéines du virus. Pour ce faire, la protéine NSP1 cible en priorité des gènes antiviraux de la cellule. Nous allons essayer de comprendre ce qui dans ces gènes, parmi lesquels les gènes responsables de la réponse interféron, les rend plus sensibles à NSP1 que d’autres.

* L’IBMC regroupe trois unités de recherche rattachées à l’Institut national des sciences biologiques du CNRS. Cet institut fédératif est soutenu par l’Université de Strasbourg.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article