Par Marion Riegert
Temps de lecture :

Halloween, la peur aux trousses ?

Monstres sanguinaires et autres créatures terrifiantes ressortent chaque année à l’occasion de la traditionnelle fête d’Halloween. Frissons, sueurs froides et cris de terreur sont de mise, mais peut-on vraiment parler de peur ? Eléments de réponse avec Alexandre Charlet, chercheur à I’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives (Inci – CNRS, Unistra), qui a travaillé sur cette émotion.

Comment définiriez-vous la peur ?

C’est une question difficile. La peur est une émotion et une réponse physiologique à une situation potentiellement dangereuse pour l'organisme. Elle prépare l’organisme à la survie face à une situation funeste. Mais attention, il faut essayer de distinguer la peur de l’anxiété, qui concerne l’anticipation d’un danger qui pourrait arriver, ou encore du stress, qui concerne l’ensemble des réactions d’un organisme soumis à des contraintes environnementales – dont le stimulus effrayant.

Comment se traduit-elle ?

Chez le rongeur, la peur se traduit souvent par une modification du rythme cardiaque et une immobilisation. Chez l’humain, la peur peut entrainer une réduction du champ de vision, une modification du rythme cardiaque, une sudation et potentiellement une paralysie transitoire, pendant laquelle nous allons décider de la marche à suivre : fuite ou confrontation.

A-t-on les mêmes peurs ?

Certaines peurs archaïques sont innées et s’observent chez les enfants de manière spontanée

La peur est une réaction rationnelle et objective. Certaines peurs archaïques sont innées et s’observent chez les rongeurs ou chez les enfants de manière spontanée, comme la peur d’un serpent, d’une araignée ou encore d’un reptile. D’autres relèvent de l’acquis, en fonction de l’éducation de chacun et de son vécu. L’amplitude de la réaction et l’interprétation qu’en font les individus sont également très variables. Comme toute réponse physiologique, la peur peut devenir pathologique dans certaines situations, par exemple à la suite d’un stress post-traumatique.

Peut-on aimer avoir peur, dans le cas de la fête d’Halloween par exemple ?

Je n'ai pas d'expertise sur le rapport peur et plaisir mais si le spectateur restait cloué tétanisé de peur sur le canapé après un film d’horreur, je ne pense pas qu’il en regarderait d’autres… Lorsqu’une personne a vraiment peur, elle ne s’amuse plus.

Des travaux sur les modulateurs de la peur

L’équipe d’Alexandre Charlet s’intéresse à l’amygdale, noyau de la gestion de la balance émotionnelle situé dans le cerveau. Dans une étude publiée en 2019, il s’est penché plus particulièrement sur les modulateurs de la peur : comment faire baisser son système de défense pour sortir d’une situation de peur et être en mesure d’agir ? Nous avons principalement étudié l’implication de l’ocytocine, un neuropeptide fortement impliqué dans la régulation des émotions. Nous avons montré que son action dans l’amygdale était non seulement à même de drastiquement réduire un comportement de peur pour permettre l’action, mais qu'elle était également essentielle à l’extinction, ou oubli, de la peur, détaille le chercheur qui note qu’une dysfonction de ce système pourrait sous-tendre l’apparition de troubles pathologiques comme le stress post-traumatique.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article