Par Elsa Collobert
Temps de lecture :

Brique par brique, une démarche de co-construction en action pour le Musée zoologique

Une enquête par questionnaire restituée publiquement ; des groupes de discussion et des stands dans l’espace public en 2023 ; des ateliers participatifs demain... La démarche participative visant à associer les publics à la future programmation du Musée zoologique se poursuit. Nouvelle étape avec la réunion de restitution organisée en février dernier, au Planétarium.

Familles, voisins, étudiants, chercheurs, naturalistes... Le Musée zoologique chouchoute ses publics, tout en cherchant à élargir son cercle d’habitués, en vue de sa réouverture prochaine, programmée au premier semestre 2025. Il faut dire que l’attente est grande, proportionnelle à l’attachement au lieu.

Après une première étape d’enquête sur les attentes et représentations du public conduite par une chercheuse en muséologie, dont les résultats ont été dévoilés en mars 2022, l’année écoulée a vu le déploiement d’une nouvelle étape dans ce chantier de co-construction. Se déroulant en parallèle des travaux du musée, la démarche vise à approfondir et affiner les attentes, centres d’intérêt et préférences du public à l’égard de la future programmation culturelle. La rénovation ne se limite pas à un coup de peinture, mais implique à part entière un dialogue avec les futurs usagers, à l’heure où la question de partager la science s’impose comme une évidence, a souligné Mathieu Schneider, vice-président Culture, Science et société et Actions solidaires de l’Université de Strasbourg, lors de la réunion de restitution, le 21 février dernier.

Soirées pyjama et naturalisation

De juillet à octobre 2023, cinq panels de profils variés ont donc été constitués, réunis lors de groupes de discussion d’1 h 30 à 2 h 30. Certains sont des publics « naturels » du musée (naturalistes passionnés, familles), d’autres, plus éloignés, que les équipes aimeraient pouvoir toucher (étudiants, habitants du quartier). Les organisateurs ont même souhaité aller plus loin, en ouvrant les panels à des personnes en situation de handicap mental, consultées via l’association L’Arche, ainsi qu’à des habitants de la Cité Spach, touchés par le biais de l’Ares et du centre socio-culturel de La Parenthèse. Pour moitié, la cinquantaine de participants aux groupes de discussion n’étaient jamais venus au Musée zoologique. Cette démarche participative, tout comme le projet de rénovation du musée, est portée conjointement par les Musées de la Ville et le Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg.

17 millions d’euros : coût des travaux de rénovation

Riches d’enseignements, les éléments recueillis et analysés par Cindy Lebat, de l’association Mêtis, nous apprennent notamment que la volonté d’apprendre en s’amusant est forte, ainsi que de se voir proposer des activités participatives, adaptées à ses besoins, ou de découvrir les coulisses. Ainsi, si les parents expriment leur désir d’une offre complémentaires, avec ateliers pour enfants pendant qu’eux peuvent réaliser leur propre visite, le public de l’Arche met davantage en avant le besoin de convivialité. Le besoin d’explication concernant la naturalisation des animaux, qui pose question notamment aux plus jeunes, a été exprimé. Sur cette question comme sur d’autres, le besoin d'un discours scientifique rigoureux de la part des équipes du musée, qui font l’objet d’une grande confiance, a été soulignée. La question de la communication en direction des publics n’a pas été laissée de côté : chez les étudiants, les réseaux sociaux et en particulier Instagram sont plébiscités, avec un message général : Gare à la sur-sollicitation !. Les attentes exprimées par les différents publics en termes financiers pourraient ouvrir la porte à une tarification flexible. Les souhaits en termes d’horaires d’ouverture ont aussi été passés au crible : si la pause méridienne n’est pas plébiscitée, le public étudiant a exprimé son intérêt pour des nocturnes.

Activités sensorielles et immersives

En parallèle des groupes de discussion, des stands dans l’espace public ont permis d’aller à la rencontre des Strasbourgeois en différents lieux et occasions, lors des animations de l’été dans le quartier (à la Cité Spach et à la Cité Rotterdam), mais aussi lors de Strasculture ou des Journées européennes du patrimoine... 480 personnes ont été touchées par le biais des stands, dont 150 enfants, précise Maïlys Liautard, chargée de médiation et de projets culturels aux Musées de la Ville. Ces derniers ont notamment fait remonter leurs envies d’activités sensorielles et immersives, par le biais d’outils comme le dessin, le jeu de rôle, les expériences scientifiques... Soirées pyjama au musée, sorties naturalistes, animation « dans la peau d’un zoologue » : les pistes originales sont nombreuses.

Prochaine étape : des ateliers co-créatifs associant des habitants aux profils divers (familles et étudiants du quartier), accompagnés par Alexia Jacques-Casanova, d’Artizest.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article