Par Elena Hernandez
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Apprendre une langue étrangère grâce aux environnements numériques : un défi pédagogique

Numérique et enseignement : une vieille histoire

L’apprentissage des langues et l’enseignement soutenu par le numérique appartiennent à une très vieille histoire d’intérêts partagés. Ils sont intrinsèquement liés depuis longtemps, bien avant les offres sur les mobiles et les services de traductions automatiques. Auparavant, lorsqu’on parlait de « multimédias » et des premiers sites Internet dans les années 1990, on relevait déjà des usages à propos de l’apprentissage des langues, « parce qu’apprendre une langue, parler une langue, c’est un enjeu de premier plan pour un grand nombre de personnes, à différents moments de la vie », relève Pascal Marquet. Il ajoute : « Ces outils sont une possibilité qui n'existait pas il y a quelques années en matière d'autodidaxie. »

Si l’on regarde dans le rétroviseur, les traducteurs automatiques ont également eu un succès extrêmement rapide (Google Translate, DeepL). Aujourd’hui, il existe de nouveaux algorithmes d’intelligence artificielle (IA) capables de traduire des textes entiers en langues étrangères, comme ChatGPT, DeepSeek ou encore Mistral.

« Ces outils sont une possibilité qui n’existait pas il y a quelques années en matière d’autodidaxie »

Dans le cadre de l’apprentissage d’une langue  « seconde » en autodidacte, les environnements d’apprentissage tels que Duolingo ou Babbel, qui se développent depuis une quinzaine d’années, représentent un véritable soutien. Les exercices se présentent comme une succession de situations de la vie courante au cours desquelles le vocabulaire correspondant va être amené, et puis, progressivement, des règles de construction des phrases. « C’est la référence à ce que les personnes ont vécu qui va permettre à la plateforme de stabiliser, formaliser des notions, du lexique, des règles grammaticales, etc. » constate Pascal Marquet.

Mais la médiation humaine reste le moteur de l’apprentissage

L’apprentissage d’une langue peut s’avérer compliqué, d’autant plus lorsqu’on n’est pas accompagné. Dans le cadre d’un projet d’apprentissage d’une langue en autodidacte, les environnements numériques, qui proposent des ressources « à tout moment, partout et sur tout type de plateforme (tablette, ordinateur, téléphone) », apparaissent comme une très bonne solution.

Toutefois, il y une ombre au tableau : le manque de régularité qui peut être induit par l’individualité de la démarche, et ainsi mener au manque de progression. Rappelons qu’il y a deux principaux moyens d’apprendre une langue étrangère. La première consiste en une immersion totale au quotidien de l’individu dans une culture qui lui est étrangère. C’est la succession de situations de la vie courante qui va mener l’individu à développer ses capacités dans la langue-seconde. L’autre méthode consiste en une formalisation, c’est-à-dire l’acquisition du vocabulaire ainsi que l’apprentissage des différentes règles qui constituent la langue (orthographe, grammaire, conjugaison, etc.) C’est généralement cette deuxième méthode que l’on retrouve dans le cursus scolaire.

Apprendre une langue à distance est bien possible, mais il est recommandé que cette distance soit compensée par un accompagnement humain, qui peut s’illustrer à travers la figure d’un enseignant, d’un formateur ou d’un pair. « L’enseignement à distance a trouvé sa place dans le monde de la formation à tous les “étages” de l’enseignement et à tous les moments de la vie de la personne. S’il a trouvé sa place, c’est parce qu’on a compris qu’une machine et une motivation individuelle ça ne suffit pas », souligne Pascal Marquet.

« Je dis toujours : “Il faut avoir une motivation en acier trempé”. Très vite, on se décourage, car on fait ça de manière isolée. C’est la constance dans ces expériences : l’isolement est le pire ennemi. »

C’est aussi à travers ses échanges avec les autres qu’un individu parvient à progresser rapidement. Ainsi, qu’il soit à distance ou en présentiel, l’accompagnement humain reste donc primordial pour conserver sa motivation. Comme le relève Pascal Marquet, « notre motivation provient de notre appartenance à un groupe social. C’est elle qui nous pousse à nous améliorer, à progresser. » Ces environnements d’apprentissage représentent donc une aide extrêmement intéressante, et peuvent s’adresser à des publics qui n’auraient pas pu apprendre une langue sans ces environnements. Toutefois, ils ne doivent pas être considérés comme un substitut à la médiation humaine. Après tout : « l’homme est un être social » !
 

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