Par Frédéric Zinck
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Un amphithéâtre Sébastien-Brant, premier du nom

Le jeudi 6 octobre, l'amphithéâtre n°2 du Patio a été nommé amphithéâtre Sébastien-Brant en hommage à l'humaniste et poète strasbourgeois auteur de la Nef des fous.

Places, cafés, établissements scolaires, boulevards… de nombreux lieux honorent le nom de Sébastien Brant, figure de proue de la littérature allemande de la fin du Moyen Age. C’est aujourd’hui au tour de l’Université de Strasbourg de lui rendre hommage. Aucun lieu intellectuel ne porte le nom de ce grand personnage, l’Université de Strasbourg répare aujourd’hui cet oubli. A travers ce geste, c’est toute la pluridisciplinarité des sciences humaines qui est honorée, indique Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg lors de la cérémonie.

« La Nef des fous est un texte Eucor »

Comme le rappelle Peter Andersen, professeur d’histoire et de littérature allemandes anciennes : Sébastien Brant est un digne représentant de l’espace Eucor. Né en 1458 à Strasbourg, son père tenait l’auberge « Au Lion d’or ». Après de brillantes études de droit à l’Université de Bâle, il obtient une chaire de droits canonique et civil. En 1494, il publie à Bâle La Nef des fous, une satire allemande illustrée dénonçant les travers de son époque. L’ouvrage connait un succès fulgurant et assure à son auteur une célébrité internationale. Sébastien Brant est un grand auteur alémanique, fondateur d’une langue, celle des humanistes alsaciens, qui était une langue européenne, souligne Michel Deneken. La Nef des fous est un texte Eucor, reprend la doyenne de la Faculté de langues, Anne Bandry-Scubbi, en soulignant qu’il est aussi à la croisée du passé, du présent et de l’avenir. Dans ce récit versifié, l’auteur recense divers types de folies brossant le tableau de la condition humaine, montrant selon lui un monde à la dérive.

Une version inédite en alsacien

L’année dernière, à l’occasion du 500e anniversaire de sa mort, différentes commémorations se sont déroulées à Strasbourg et Bâle. Au cœur de la crise sanitaire, la cérémonie de nommage a dû être annulée. Un fait de circonstance que Peter Andersen soulève en indiquant que l’auteur est explicite, il présente son ouvrage comme un remède, de la même manière que peut l’être un vaccin contre un virus.

Juste avant le dévoilement de la plaque dédiée à Sébastien Brant, des étudiantes de la Faculté des langues ont lu le premier chapitre de l’œuvre : Le fou bibliophile. Après une version en français, en alémanique dans sa version originale, en chinois, Carole Werner, doctorante en études germaniques au sein du Département de dialectologie alsacienne et mosellane, livre une version inédite en alsacien. Un bel hommage et peut-être une nouvelle édition de l’œuvre à venir bientôt.

Un parcours Brant

En 2021, à l’occasion du 500e anniversaire de la mort de Sébastien Brant, Peter Andersen, spécialiste du département d’allemand de cette période et coordinateur des évènements à Strasbourg, est revenu sur l’histoire de ce poète.

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