Par Elsa Collobert
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L’éco-conception, fil rouge pour la compagnie théâtrale Galilée

Nicolas Murena, directeur artistique et metteur en scène, présente son premier spectacle « Les enfants » lors d’une unique date à La Pokop, ce jeudi 6 mars. Échange autour de la prise en compte de la notion d’éco-responsabilité dans le spectacle vivant, qui fait partie de l’ADN de sa jeune compagnie, Galilée.

Quel a été le déclic pour penser vos spectacles dans une perspective de durabilité ?

Il n’y en a pas vraiment eu, c’est plutôt une évidence qui s’est imposée dans le travail et la philosophie de la compagnie rémoise Galilée. Avant Les enfants, spectacle sur lequel notre collectif, à géométrie variable, travaille depuis trois ans, nous avions déjà présenté des formes plus courtes. On peut donc dire que c’est notre premier « vrai » spectacle.

J’ai 35 ans et aujourd’hui cette prise en compte de la durabilité s’impose forcément à nous. En tant qu’assistant à la mise en scène, j’ai été plusieurs fois témoin du dilemme de metteurs en scène contraints de jeter leurs décors, à l’issue de leur spectacle. Il y a aussi la question du stockage, qui peut s’avérer un casse-tête.

Comment cela se traduit concrètement pour vous ?

Pour Les enfants, nous avons fait du réemploi pour le mobilier, les costumes et les accessoires. La démarche est souvent louée comme un moyen de faire des économies, mais il faut bien se dire que cela prend plus de temps qu’acheter du neuf. C’est un vrai engagement !
Pour nos décors, nous avons aussi privilégié la conception de structures réversibles, démontables et modulables, en limitant au maximum les chutes et rejets lors de la construction et l’emploi de matériaux durables comme le bois, le coton, de préférence au plastique – avec toute la fragilité et les contraintes que cela peut engendrer.
Nous pouvons nous inspirer de nombreuses ressources, beaucoup de choses sont sorties depuis le Covid, qui a été une période charnière pour mettre l’écologie sur le devant de la scène, notamment dans le domaine du spectacle vivant : Morts ou vifs de Julie Sermon, la démarche « Décarbonons la culture » ou encore le Guide d’écoconception édité par l’Union des scénographes, pour n’en citer que trois.
En juin 2024, notre compagnie a rassemblé une dizaine de personnes, scénographes, plasticiennes, à Reims où nous sommes basés, pour réfléchir à la problématique, à l’occasion d’une démarche de recherche-création.
Cette démarche d’éco-conception fait maintenant partie à part entière de l’ADN de la compagnie. L’idée est ensuite de poursuivre dans cette logique avec nos prochaines créations, que le spectacle ait pour thème central l’écologie ou non (c’est le cas dans Les enfants). 

Un mot pour donner envie d’aller voir votre spectacle, Les enfants, jeudi 6 mars à La Pokop ?

Le texte est écrit par la dramaturge britannique Lucy Kirkwood, née en 1984 : son écriture est très cinématographique, proche de l’oralité et extrêmement rythmée. Cela se ressent pour le spectateur, qui pourra expérimenter une vraie proximité avec les interprètes.
L’heure est à la diffusion de nombreux discours culpabilisateurs sur l’écologie, pointant notamment la génération des « boomers » et leur présupposée culpabilité. Cette pièce vise à prendre un point de vue nuancé en adoptant leur point de vue, celui des retraités, voire même à renverser la perspective : nous, et en particulier les jeunes générations, n’avons jamais autant consommé, que l’on pense notamment à l’impact des pratiques numériques et du streaming. Y a-t-il réellement un fossé entre générations, peut-on vraiment les renvoyer dos-à-dos ?

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