Par Marion Riegert
Temps de lecture :

Jean-François Girard, nouveau directeur de l’École et observatoire des sciences de la Terre

Depuis le 1er septembre, Jean-François Girard remplace Frédéric Masson à la tête de l’École et observatoire des sciences de la Terre (Eost). Parmi ses objectifs : celui de donner une place aux géosciences dans l’adaptation au changement climatique et la transition énergétique.

 Au sein de l’Eost, la direction change tous les cinq ans, explique Jean-François Girard qui connait bien les lieux. Originaire des Deux-Sèvres, il y termine son cursus universitaire. Après le diplôme d’ingénieur, j’y ai également effectué ma thèse sur l’imagerie radar du sous-sol, raconte le directeur qui officie ensuite en tant qu’ingénieur au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), le service géologique national, avant de revenir en 2015 comme enseignant-chercheur à l’Eost.

L’Eost s’appuie sur trois piliers : recherche, enseignement, observation. J’officie plutôt sur les deux derniers. Le côté observation est nouveau pour moi. C’est intéressant de voir comment ça fonctionne et de travailler avec les partenaires nationaux et internationaux. La recherche quant à elle est sous la houlette de l’Institut terre et environnement de Strasbourg (Ites), unité mixte de recherche de l’Eost*, dirigée par Renaud Toussaint.

Un déménagement en perspective

Les futurs métiers dans les géosciences restent à inventer

Côté chantiers, le directeur fraîchement nommé souhaite s’inscrire lui aussi dans l’adaptation au changement climatique : donner aux géosciences une place dans les transitions qui arrivent en motivant notamment les jeunes à aller dans ces voies. Je trouve que les sciences de la Terre gardent encore beaucoup une image en lien avec les énergies carbonées. Pourtant, le sous-sol est le support de notre environnement et ses ressources sont essentielles : les futurs métiers dans les géosciences restent à inventer.

De la licence aux masters en passant par l’école d’ingénieur, Jean-François Girard souhaite ainsi faire évoluer l’offre de formation pour donner aux étudiants des perspectives d’avenir. Autre chantier : le déménagement de la partie enseignement à la Manufacture des tabacs. Des locaux partagés avec l’École nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg (Engees). Cela permettra de rassembler tous les cours au même endroit et de créer un pôle Eau & Géosciences.

Jusqu’à plusieurs kilomètres de profondeur

En plus de son poste de direction, Jean-François Girard est aussi chercheur. Son sujet ? L’imagerie du sous-sol, les nappes phréatiques souvent. L’eau en moyenne montagne notamment sur le site de l’Observatoire hydro-géochimique de l'environnement (OHGE). Voir la quantité d’eau et comment elle circule. Mais nous pouvons aller jusqu’à plusieurs kilomètres de profondeur. Là, nous sommes un peu comme des taupes, nous voyons flou, sourit le chercheur qui apprécie de se rendre sur le terrain. Appliquer nos modélisations dans le milieu naturel, un milieu sur lequel on a assez peu de contrôle.

Jean-François Girard se souvient d’une de ses missions en 2010 au Mont-Blanc. Sous le glacier de Tête rousse, au-dessus de Saint-Gervais, il y a une poche d’eau. En 1892, cette poche éclate, rasant les thermes de Saint-Gervais et faisant de nombreuses victimes. Avec une équipe de Grenoble, nous avons pu prouver l’existence de la poche et établir sa cartographie actuelle. S’en sont suivies plusieurs opérations de pompage à plus de 3 000 mètres d’altitude. C’est une des premières fois que le fond de catastrophe naturelle a été utilisé en préventif. C’était exceptionnel en terme de terrain et de problématique.

* Sous tutelle de l'Université de Strasbourg, du CNRS et de l'École nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg (Engees).

L’Eost en chiffres

  • 400 étudiants
  • 1 laboratoire de recherche
  • 1 Fédération de recherche en environnement et durabilité (Fered)
  • 1 Institut thématique interdisciplinaire géosciences (ITI GeoT) pour la transition énergétique
  • 160 personnels permanents
  • 2 musées représentatifs de la longue histoire des sciences de la Terre à Strasbourg

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article