Former les scientifiques de demain à l’analyse de la fabrique de l’Europe
Du 1er au 4 juillet 2025, une quarantaine de participants venus de toute l’Europe se sont réunis à Strasbourg pour la seconde école d’été de l’Institut thématique interdisciplinaire (ITI) La fabrique de la société européenne | Makers. Un rendez-vous à la croisée des disciplines et des approches méthodologiques, qui vise à former les doctorantes, doctorants et jeunes chercheures et chercheurs à une question centrale : comment mesurer la fabrique de la société européenne ?
L’ITI Makers explore depuis sa création un champ d’étude original : celui des transformations sociétales européennes, appréhendées non plus seulement à travers leurs institutions, mais à travers des indicateurs concrets, des enquêtes, ou encore des analyses de textes. L’idée est de développer une approche empirique, quantitative ou qualitative, des phénomènes politiques, économiques, sociaux et juridiques
, explique Mélanie Schmitt, professeure de droit social et co-coordinatrice de l’ITI, et d’analyser les phénomènes sociétaux afin d’enrichir les études européennes, traditionnellement centrées sur l’histoire ou le droit des institutions
.
Apprendre chacun des méthodes de l'autre
Pendant une semaine, conférences et ateliers pratiques se sont succédé pour renforcer les compétences méthodologiques des participants, venus d’horizons variés : droit, science politique, économie, sociologie. L’enjeu est double : outiller les jeunes chercheurs pour qu’ils puissent produire des analyses rigoureuses sur la société européenne et créer un espace de dialogue interdisciplinaire où chacun apprend des méthodes de l’autre
, souligne Mélanie Schmitt. Ainsi, la moitié du programme était consacrée à des temps d’échanges entre enseignants-chercheurs, chercheurs et doctorants autour d’études de cas et de défis méthodologiques concrets. L’autre moitié donnait la parole aux doctorants, sélectionnés suite à un appel à communications : ils présentaient leurs recherches et débattaient de leurs approches avec des spécialistes de disciplines différentes.
« Concevoir la recherche comme une action collective »
Douze doctorants, issus d’universités françaises, belges, italiennes ou allemandes, avaient été sélectionnés pour cette édition. Ce qui m’a particulièrement enrichie dans cet évènement, c’est de concevoir la recherche comme une action collective, notamment à travers le partage de nos travaux et des difficultés rencontrées. Cet espace d’échanges et de discussions sur la manière de faire de la recherche m’a apporté de nouvelles perspectives et de l’inspiration pour l’avenir
, relève Catharina Lopes Scodro, doctorante en droit du travail à l’Université de Strasbourg (laboratoire Droit, religion, entreprise et société-Dres).
Croiser les regards académiques et institutionnels
L’événement, soutenu par le GIS Euro-Lab* et par le Conseil de l’Europe, s’est inscrit dans une dynamique d’ouverture : De tels partenariats permettent de croiser les regards académiques et institutionnels et d’élargir le réseau des jeunes chercheurs
, précise Mélanie Schmitt.
Moment fort de la semaine : la conférence de clôture, accueillie dans l’Agora des droits sociaux du Conseil de l’Europe, a réuni Olivier de Schutter, professeur à l’Université catholique de Louvain et membre du Comité européen des droits sociaux, et Aoife Nolan, sa présidente. Le premier a plaidé pour le développement d’indicateurs indépendants pour mesurer la mise en œuvre des droits sociaux en Europe, loin des seules données produites par les États. Une vision saluée par l’ensemble des participants, dans un contexte mondial où la question de la liberté de la recherche reste plus que jamais d’actualité.
À l’issue de cette seconde édition, le bilan est plus que positif. Cette école confirme que l’Université de Strasbourg a un rôle clé à jouer dans le paysage européen des études interdisciplinaires en sciences humaines et sociales sur l’Europe
, conclut Mélanie Schmitt. Avant la prochaine édition, prévue en 2027, les porteuses de l’ITI Makers envisagent déjà de nouveaux projets, notamment en partenariat avec le Conseil de l’Europe, pour continuer à faire dialoguer science et société.
* Le GIS Euro-Lab est un groupement d’intérêt scientifique coordonné par le CNRS et l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
L'ITI Makers
L’ITI Makers développe un programme ambitieux de recherche destiné à renouveler l’objet et les méthodes des études européennes. Parallèlement, il met en œuvre un programme de formation innovant sur ces questions, à destination des étudiants en master et des doctorants. De surcroît, cet ITI vise à produire des connaissances et des savoirs qui pourront utilement orienter les décideurs.
L’ITI Makers est coordonné par :
- Hélène Michel, professeure de science politique, laboratoire Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Sage, Unistra/CNRS)
- Mélanie Schmitt, professeure de droit social, laboratoire Droit, religion, entreprise et société (Dres, Unistra/CNRS)
- Amélie-Barbier-Gauchard, professeure de sciences économiques, Bureau d'économie théorique et appliquée (Beta, Unistra/CNRS)
Catégories
Catégories associées à l'article :Mots-clés
Mots-clés associés à l'article :