Par Edern Appéré
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Démostratif : « On charrie tous notre lot de peurs irrationnelles »

La 7e édition du festival des scènes émergentes revient sur le campus de l’Esplanade, du 4 au 8 juin, sur le thème « Peurs fantômes ». Rencontre avec Sacha Vilmar, fondateur et directeur artistique de cet événement haut en couleurs et riche en surprises terrifiantes.

D’où vient le thème de cette édition 2024, « Peurs fantômes » ?

C’est toujours un grand sujet de trouver un thème ! Cette année, j’avais presque une panne d’inspiration, une peur de ne pas trouver. C’est de là que le thème m’est venu : la peur. On charrie tous notre lot de peurs irrationnelles. Ce thème est une manière de s’interroger sur ces peurs, dont parfois on hérite de notre famille, de génération en génération.
À cela on a ajouté, comme à chaque édition du festival, un autre concept pour « faire un pas de côté ». Cette fois-ci c’est « fantômes », qui évoque la notion de perception. L’affiche du festival, conçue par Sandra Stortz-Miller de la Dali, illustre cela à merveille : on y voit l’ombre d’un chat qui a pour silhouette une chauve-souris. Le chat a peur parce qu’il voit son ombre ou parce qu’il y voit une chauve-souris ? C’est aussi un clin d’œil à Théophile Dubus, l’auteur complice de cette édition 2024. Il aime beaucoup les chauves-souris, qu’on retrouve à de nombreuses reprises dans ses textes. Le choix de la thématique s’est fait avec lui, en écho à son travail et ses thèmes de prédilection.

Comment a été conçue la programmation du festival ?

Nous avons reçu un nombre énorme de réponses à notre appel à projets pour cette édition : 200 candidatures, contre 100 à 150 en temps normal ! En parallèle nous avons également été contactés directement par des compagnies, ce qui fait qu’avec Théophile Dubus, nous avons vu beaucoup de belles choses mais nous n’avons pas pu en conserver autant qu’on aurait souhaité. D’autant que le nombre de spectacles programmés diminue : il y en aura 26 contre 36 l’année dernière. On accueille moins mais on accueille mieux : on peut enfin payer tous les artistes qui participent au festival !
Tous les spectacles retenus répondent au thème « Peurs fantômes », mais de façon plus ou moins évidente. Il y a beaucoup de définitions possibles de ce thème, autant que de façons de faire peur et d’avoir peur... ça nous plaît que les spectateurs mènent l’enquête pour chercher pourquoi tel ou tel spectacle peut être associé à cette thématique. On assume de prendre des risques : on n’est pas des chirurgiens du cœur, ce n’est pas grave si certaines propositions ne plaisent pas à tout le monde !

Quels seront les temps forts de Démostratif 2024 ?

C’est difficile de ne citer que quelques artistes, au risque de décevoir les autres ! Pour l’inauguration, les personnels de l’université sont invités à un after-work, mardi 4 juin à 17h30, sur le village du festival. Dès 18h on pourra y écouter deux fanfares étudiantes : la fanfare des externes et internes de Strasbourg (FEIS) et la jeune fanfare Feu, tout juste créée. Un bon moyen de débuter cette édition. Théophile Dubus proposera le 7 juin une création, un texte commandé pour le festival intitulé Cinq peurs et trois espoirs (ce qui fait sept). Enfin, en clôture, on pourra assister à un show inédit du cabaret parisien de Madame Arthur, à base de chansons sur la peur interprétées par de jeunes artistes drag-queen.

Nous entretenons un lien très étroit avec les étudiants, qui représentent la moitié de nos 6 000 spectateurs

Quelle place sera accordée aux étudiants ?

Nous entretenons un lien très étroit avec les étudiants, qui représentent la moitié de nos 6 000 spectateurs. Nous avons recruté 40 étudiants bénévoles aux profils très variés, preuve que Démostratif parle à de nombreuses filières, bien au-delà des disciplines artistiques ! La présence du village du festival sur le campus, ses animations, son bar et les spectacles gratuits sont un très bon moyen de les toucher. L’ambiance marquée et festive de Démostratif est un bon remède qui leur est offert en cette période marquée par des conflits, des guerres, un écocide…

Une porte d’entrée vers l’université pour le public scolaire

La compagnie Logos présentera, en journée, son spectacle « Le pain de la bouche » à un public de collégiens. Au delà de cette représentation, cette initiative est l’occasion de faire découvrir à ces élèves ce qu’est l’université avec une visite du campus, des points d’étapes auprès de plusieurs services et une rencontre avec l’équipe de bénévoles du village du festival. Le but est de leur donner envie de venir étudier à l’université, mais aussi leur montrer qu’on peut s’impliquer dans un projet collectif, qu’on peut être créatif et avoir d’autres ambitions que les métiers classiques auxquels pensent les parents. J’aurais adoré qu’on me montre ça quand j’avais leur âge ! indique Sacha Vilmar.

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