À Strasbourg, Emmanuel Macron annonce la panthéonisation de Marc Bloch
Présent dans la capitale alsacienne pour célébrer les 80 ans de la Libération de la ville, samedi 23 novembre 2024, le président de la République a prononcé son unique discours de la journée dans l’aula Marc-Bloch du Palais universitaire. Il y a annoncé que l’historien strasbourgeois, résistant, fusillé en 1944 par la Gestapo, ferait son entrée prochaine au Panthéon.
Ne brisez pas nos espoirs de réaliser nos rêves de jeunes Européens.
Dans une adresse aux dirigeants et élus présents samedi 23 novembre 2024 à Strasbourg, de jeunes collégiens et lycéens de la région sont revenus sur les projets mémoriels les ayant conduits, en cours d’année, à remonter le fil de la Libération du pays du joug nazi, en 1944, de la Normandie à la Provence puis, enfin l’Alsace : élaboration de vidéos, marche mémorielle, plantation d’arbres, jumelage avec un établissement de Périgueux, fresque de rue… Devenus des passeurs de mémoire
, ils entendent bien garder vivace l’héritage des défenseurs de la liberté, engagés parfois jusqu’au sacrifice de leur vie pour les valeurs de la République.
Tel Marc Bloch, dont ils auront sûrement croisé le nom au cours de leurs recherches, aux côtés de ceux de Rouvillois, Zimmer, Leclerc, ceux des prestataires du serment de Koufra, de voir « flotter le drapeau français sur la cathédrale de Strasbourg »
. Le fils de l’historien, Daniel Bloch, 98 ans, était présent au Palais universitaire, pour recevoir la légion d’honneur des mains du président Emmanuel Macron. Pour moi, benjamin d’une fratrie de six, c’est incroyable d’apprendre la nouvelle de la panthéonisation de mon père, ici, à Strasbourg, où je suis né, dans un lieu qui porte son nom. C’est quelque chose que nous attendions depuis bien longtemps
, s’est-il félicité. L’aula Marc Bloch a pris le nom du professeur d’histoire médiévale, incarnation du patriotisme français, au lendemain de la fusion des trois universités françaises, après avoir orné le fronton de la faculté des sciences humaines et sociales, de 1998 à 2009, sous l’impulsion notamment de Daniel Payot, professeur émérite en philosophie de l'art et ancien président de l'Université Marc Bloch.
Sentinelle de l’esprit
Le président de la République a annoncé que le résistant, fusillé par la Milice allemande le 16 juin 1944, rejoindrait « les grands hommes », Missak Manouchian et ses camarades, au Panthéon, dans son seul discours prononcé dans la journée. Sentinelle de l’esprit […], volonté française incarnée par sa lucidité, par son courage, enfant de l’universalisme français, enfant de ces juifs d’Alsace qui exprimèrent la volonté en 1870 d’adopter notre République, celle qui émancipe et protège. Professeur à son tour pour enraciner dans chaque cœur l’amour des Lumières et l’amour de notre Patrie. C'est pourquoi, en cette université et en ce jour, pour son œuvre, son enseignement et pour son courage, nous décidons que Marc Bloch rentrera au Panthéon.
Dans son discours adressé à cette région « martyre », marquée par la « déchirure », l’Alsace-Moselle, Emmanuel Macron a aussi évoqué l’importance de la transmission, « la nécessité de reconnaître et enseigner la tragédie des Malgré-Nous incorporés de force, car leur histoire est celle de notre nation ». Plus tôt dans la journée, il a présidé une cérémonie miliaire, place Broglie, durant laquelle il a décoré quatre vétérans. Dans l’après-midi, il s’est rendu au camp de Natzweiler-Struthof, seul camp de concentration sur le sol français, où il a rallumé la flamme du Déporté : se souvenir, pour ne pas répéter les erreurs du passé.
- Lire aussi : 80 ans après, retour sur la Libération de Strasbourg et de son université
- Écouter l’intégralité du discours du président Emmanuel Macron
- Lire l'article publié sur le site d'Eucor – Le Campus européen : en français et en allemand
Marc Bloch en 6 dates
1886 Naissance à Lyon, dans une famille juive d’origine alsacienne
1914-1918 Blessé pendant la Première Guerre mondiale, il devient agent de renseignement
1921 Enseignant l’histoire médiévale, il est d’abord maître de conférences, à l’université de Strasbourg, et est nommé professeur à cette date. Il exercera ensuite à Paris, puis Montpellier.
1929 Fonde l’école des annales avec Lucien Febvre
16 juin 1944 Engagé dans la Résistance, après avoir été torturé il est fusillé par la Gestapo, près de Villefranche-sur-Saône
1946 Publication posthume de L'Étrange Défaite, récit de la capitulation française en 1940
23 novembre 2024 Annonce de sa panthéonisation par le président de la République, Emmanuel Macron
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