Par Jean de Miscault
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Aux petits soins des étudiants sportifs de haut niveau

Comment réussir à concilier études universitaires et sport de haut niveau ? À l’Unistra, cela concerne 205 étudiants, répartis dans une trentaine de disciplines sportives. Rencontre.

Un mercredi soir dans la halle d’athlétisme du Centre de ressources d'expertise et de performance sportive (Creps), à Koenigshoffen. Teura Tupaia, champion de France de javelot, en route pour les Mondiaux, termine son entraînement et file à son rendez-vous suivant chez le kiné. Le jeune athlète est par ailleurs étudiant en licence Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives). Comment fait-il pour tout faire : enchaîner les entrainements quotidiens, les compétitions, les soins, les cours, les examens ?

Aujourd’hui, à l’Unistra, 205 étudiants pratiquent une trentaine de sports à haut niveau. Ils bénéficient tous d’un aménagement personnalisé et adapté à leur niveau de pratique : plus le niveau est élevé, plus l’aménagement est poussé, explique Allan Alloui-Lange, gestionnaire pédagogique, chargé de la gestion des études des sportifs de haut niveau à l’université. Nous veillons à ce qu’ils réussissent aussi bien sur le plan universitaire que sportif : d’un côté réussir les études supérieures, de l’autre atteindre le plus haut niveau de leur discipline.

Le premier volet est d’autant plus nécessaire que les rémunérations de la plupart des sportifs quand elles existent sont pour la plupart assez basses, ajoute Claude Karcher, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences du sport, chargé de mission pour les sportifs de haut niveau*. Et une fois que la pratique sportive s’achève, il leur faut aussi prévoir l’avenir : cela peut passer par un diplôme universitaire.

Emplois du temps aux petits oignons

La vraie problématique est donc d’abord celle des emplois du temps. Dans certaines composantes, ils sont fixés pour l’ensemble du semestre : l’étudiant sportif s’inscrit dans le groupe dont le planning est compatible avec celui de ses entraînements. En revanche, dans d’autres composantes, l’emploi du temps varie chaque semaine et il faut alors jongler et être capable de proposer un emploi du temps aux petits oignons. Cela passe par le dialogue avec les étudiants et les équipes pédagogiques, raconte Allan Alloui-Lange.

L’étudiant peut obtenir des dispenses d’assiduité pour certains cours, ou réaliser son année en deux ans

Si l’emploi du temps n’est pas aménageable, l’étudiant obtient des dispenses d’assiduité sur certains cours… qu’il devra bien sûr rattraper personnellement. Autre possibilité : faire une année universitaire en deux ans, c’est à dire alléger le rythme universitaire pour favoriser la réussite de leur double projet. Se pose enfin la question des examens au même moment que les compétitions : le sportif privilégiera bien sûr ces dernières. Dans ce cas, le gestionnaire pédagogique propose de décaler l’examen dans le temps.

Les entraîneurs, avec qui les étudiants passent une grande partie de leur temps, sont, quoiqu’il en soit, très sollicités, ne serait-ce que pour voir si l’étudiant sportif maintient son implication dans ses études, sans laquelle il ne peut réussir. Les fédérations elles-mêmes l’imposent ; elles sont conscientes de l’importance de suivre une formation scolaire ou universitaire, insiste Claude Karcher. Afin que le jeune s’inscrive bien dans un double projet sportif et universitaire, car le sport de haut niveau ne dure qu’un temps.

 * Une fonction qu'il a exercée jusqu'en 2022 ; il est désormais conseiller Haut niveau haute performance, en charge de l’optimisation de la performance et du suivi médical au Creps de Strasbourg

Article initialement paru dans le numéro 44 (mai 2022) de Savoir(s) magazine, spécial sport

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