Par Marion Riegert
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Un virus de plante pour booster le système immunitaire contre le cancer

Doctorante en quatrième année de thèse à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg (IBMC*), Armelle Guingand a reçu le premier prix Kerner de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Il vient récompenser ses travaux sur la transformation d’un virus de plantes en arme thérapeutique pour aider le système immunitaire à détruire les cellules cancéreuses.

Pour détruire une tumeur, la réponse immunitaire naturelle est souvent insuffisante, notamment parce que les cellules cancéreuses produisent des molécules qui brouillent les défenses immunitaires, explique Armelle Guingand, doctorante au sein de l’équipe d’Hélène Dumortier. Cette dernière, grâce à une collaboration avec l’équipe de Christophe Ritzenthaler de l'Institut de biologie moléculaire des plantes (IBMP - CNRS), s’est inspirée pour ces travaux de la structure du virus responsable de la maladie du court-noué de la vigne.

Sa structure est très stable, compacte et bien caractérisée. Nous l’avons reproduite en laboratoire et avons changé sa composition, sans changer sa forme. Ainsi, les nanoparticules créées ne renferment plus le matériel génétique du virus mais des fragments de tumeurs permettant d’activer certaines cellules du système immunitaire, à la manière d’un vaccin, pour provoquer une réaction immunitaire efficace dirigée contre le cancer.

Des premiers tests concluants

En théorie, nous pouvons mettre n’importe quel morceau de n’importe quelle tumeur et combiner différents types de tumeurs dans la nanoparticule afin d’adapter précisément sa composition à chaque cancer, souligne la doctorante dont la thèse vise à apporter une preuve de son effet antitumoral chez la souris. Les premiers tests se sont montrés concluants. Une start-up Serendip Innovations a vu le jour pour développer de nouveaux candidats vaccins et réaliser des essais cliniques chez l’homme.

D’une valeur de 1 200 euros, le prix Kerner lui a été décerné à l’occasion des 27e Journées jeunes chercheurs en cancérologie de la Fondation ARC qui se sont déroulées à Paris début octobre. Journées durant lesquelles la doctorante a pu se confronter aux donateurs de la fondation à travers une présentation de ses travaux.

C’est très motivant de voir ce vers quoi la recherche pourrait déboucher

J’ai apprécié de pouvoir montrer ce qui se fait dans le laboratoire. Démystifier ce monde qui peut paraitre obscur lorsqu’on n’y travaille pas, précise Armelle Guingand dont le prix lui permettra de prendre des vacances bien méritées avant pourquoi pas de poursuivre ses études en post-doctorat à l’étranger. J’aime le côté appliqué, c’est très motivant de voir ce vers quoi la recherche pourrait déboucher. C’est un métier passionnant et très stimulant intellectuellement.

*L'IBMC regroupe trois unités de recherche (Architecture et réactivité de l'ARN, Immunologie, immunopathologie et chimie thérapeutique, Modèles insectes d’immunité innée) rattachées au CNRS. Cet institut fédératif est soutenu par l’Université de Strasbourg et l’Inserm.

Le prix Kerner

Cette récompense de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer souligne la capacité des chercheurs à exposer simplement les enjeux de leurs travaux. Pour préparer ce concours, les candidats présélectionnés bénéficient d’une formation à la vulgarisation scientifique dispensée par l’École de la médiation.

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