Stéphane Baudron, directeur de recherche le jour, stand-upper la nuit
Du théâtre d'impro au stand-up, il n'y a qu'un pas... que Stéphane Baudron a allègrement franchi, depuis maintenant trois ans. Aussi à l'aise avec son identité de chercheur en chimie que d'humoriste, qu'il tient toutefois à distance l'une de l'autre, il nous communique son amour des planches.
Tout ce que je raconte sur scène est... vrai !
Collectionneur invétéré d’avis de recherche de chats perdus – Je vous assure qu’il y a des perles !
–, observateur de la nature humaine et animale – Que peuvent bien penser de leur maître les chiens qui les regardent ramasser leurs crottes ?
–, Stéphane Baudron se plaît à transformer les petits riens et absurdités du quotidien en histoires qui font rire les gens. Dès que j’ai une idée d’histoire en tête, je ne la lâche pas et je la mets par écrit. Être insomniaque, ça aide !
Une bonne paire de charentaises
Des textes, il en plein son tiroir, à différents stades d’écriture. Certains, depuis que j’ai commencé le stand-up, en 2021. Je les améliore, je les polis en les rejouant pour avoir le retour du public et affiner les blagues. Avec le temps, certains sont devenus très confortables à sortir sur scène, c’est comme chausser une bonne paire de charentaises !
En plus de ne pas beaucoup dormir la nuit, d’écumer les scènes ouvertes à Strasbourg et ailleurs (il en gère même une mensuelle, l’Humour bleu, au Blue Note, avec Benoît Luron, un ami), Stéphane Baudron est chimiste depuis vingt ans, directeur de recherche au sein de l’UMR 7140 Chimie de la matière complexe, à la tête d’un projet ayant récemment reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche (ANR) et de l'Institut d'études avancées de l'Université de Strasbourg (Usias).
Ça me plaît bien de montrer que les chercheurs sortent du labo et font des blagues !
Pour autant, il ne s’inspire pas de son quotidien au laboratoire : J’ai toujours voulu compartimenter les deux
. A une exception près : Une fois, j’ai raconté sur scène que j’étais directeur de recherche au CNRS. Les gens ne m’ont pas cru ! Je pense que c’est lié au fait que dans ce genre de fonction, on est évidemment plus souvent sollicité comme expert que comme humoriste. Du coup, ça me plaît bien de casser cette image et de montrer que les chercheurs sortent du labo et font aussi des blagues !
Il aime d'ailleurs jouer sur l'imaginaire que peuvent susciter de tels grands écarts
.
Ce qui touche le public, c’est la sincérité
Stéphane Baudron arrive au stand-up via le théâtre d’improvisation, qu’il a pratiqué pendant treize ans au sein de la célèbre compagnie strasbourgeoise la Lolita. Conseillé par mon prof de théâtre, je devais être l’un des seuls à s’essayer à l’impro sans en avoir jamais vu !
, s’amuse-t-il de lui-même. J’ai 49 ans, ce n’est pas un âge pour se lancer dans le stand-up !
sourit-il encore. Il enchaîne championnat et mondial d’impro, tremplins d’humour, jusqu’au moment charnière d’une audition lui ouvrant les portes d'une formation à Lille, via le festival Lillarious : Ça m'a vraiment permis de perfectionner mes techniques d'écriture et de prendre confiance en moi
.
Passer de l’impro au stand-up, c’est à la fois un prolongement et une rupture : On doit davantage se livrer dans le second, ce qui touche le public, c’est la sincérité
. Une rupture progressive de la carapace : Il ne faut pas se mettre en danger ni tout livrer de son intimité. Il faut d’abord avoir réglé des choses soi-même pour les dépasser et en rire. En particulier sur certains sujets qui me touchent, comme l’homophobie
. Finalement : Trouver la bonne distance
.
Il ne faut pas se mettre en danger ni tout livrer de son intimité
Aujourd’hui aussi à l’aise sur scène que devant une caméra, il tient depuis un an et demi une chronique dans l'émission Stamm & Co, sur France 3 Alsace. Il cite parmi ses modèles en humour l’Australienne Hannah Gadsby, à l’écriture si subtile, ou encore Panayotis Pascot. Moi, je ne suis pas un punchliner
. On sent poindre un idéal chez lui, qui avoue à demi-mot rêver de littérature...
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