Pierrick Poisbeau lauréat d’un prix de l’Institut de France 2024 pour ses recherches dans le domaine de la lutte contre la douleur
Pierrick Poisbeau, chercheur au sein du Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives (LNCA – CNRS/Unistra), est le lauréat 2024 du Prix Unité Guerra-Paul-Beaudoin-Lambrecht-Maiano de l’Institut de France. D’une valeur de 15 000 €, il récompense ses recherches récentes menées pour réduire, voire supprimer, l’empreinte délétère que laisse sur les nouveau-nés prématurés la prise en charge hospitalière en unité de soins intensifs.
Je suis honoré par ce prix qui récompense les travaux menés par notre laboratoire pour évaluer, comprendre et lutter contre la douleur de l’enfant nouveau-né
, souligne Pierrick Poisbeau. Le neurosientifique, membre senior de l'Institut universitaire de France et directeur d’une équipe au sein de l’École universitaire de recherche interdisciplinaire sur la douleur - Euridol graduate school of pain (Unistra/CNRS/Inserm), étudie depuis plus de 25 ans les mécanismes physiopathologiques responsables de la douleur chronique afin d’identifier de nouvelles pistes thérapeutiques pour la soulager, qu’elle soit médicamenteuse ou non.
Son travail sur les nouveau-nés prématurés est effectué au sein du département de néonatologie de l’hôpital de Strasbourg-Hautepierre, dirigé par Pierre Kuhn. L’étude, qui s’intéresse notamment aux pratiques de soin, inclut au maximum les parents qui travaillent de concert avec les soignants.
Identifier des gènes clés
Ils ont pu mettre en évidence que certaines douleurs, identifiées par l’équipe, sont parfois issues de l’environnement lumineux, sonore ou olfactif (odeurs des produits de soin). L’impact des procédures douloureuses incontournables est par ailleurs très largement réduit si elles sont réalisées en peau-à-peau ou lors de l’allaitement maternel, deux situations connues pour déclencher la libération d’ocytocine chez les enfants.
Ces travaux s’intéressent également aux propriétés de « gomme biologique » et de « neuroprotection » que semble avoir l’ocytocine sur le cerveau. Les « cicatrices » épigénétiques laissées par la naissance prématurée, et sa prise en charge par les soins de développement, sont étudiées pour démontrer l’implication de l’ocytocine dans cette résilience vis-à-vis du traumatisme de la prématurité.
L’équipe de recherche espère identifier des gènes clés, dont l’expression pourrait servir à l’avenir de biomarqueurs épigénétiques pour une trajectoire de vie en bonne santé. Cette recherche donnera également des résultats précieux permettant de produire des recommandations professionnelles et de soutenir les actions visant à lutter contre la douleur des nouveau-nés.
Le prix en bref
Créée en 2006, la Fondation Unité Guerra – Paul Beaudoin – Lambrecht-Maiano de l’Institut de France, a principalement pour objet de soutenir la lutte contre la douleur en aidant la recherche scientifique et médicale, en apportant son soutien à des équipes médicales cherchant à améliorer les soins aux malades et en développant la mise en place de soins palliatifs aux malades. Elle agit également en apportant des aides aux associations et fondations intervenant dans le domaine de l’assistance aux malades et aux personnes âgées les plus défavorisées. Chaque année, elle récompense les travaux d’un chercheur français ou étranger (travaillant dans un laboratoire de recherche français ou francophone) ayant acquis une notoriété internationale dans le domaine de la lutte contre la douleur.