Par Elsa Collobert
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De l’agenda des vice-présidents aux riffs énergiques

Rare chanteuse dans l’univers très masculin du heavy metal, Nathalie Geyer-Koehler écume avec son groupe les scènes européennes : les Alsaciens de Mystery Blue s’y sont construit une solide réputation. Quand elle n’est pas sur scène, elle travaille comme secrétaire au cabinet de la présidence.

La sensation de la Fête des personnels : le 4 juillet dernier, Nathalie Geyer-Koehler s’est produite sur le campus de l'Esplanade, sur la scène installée pour l’occasion devant la Faculté de droit. À ses côtés, les membres du groupe Mystery Blue, guitaristes, batteur, bassiste. Aucun n’est professionnel, et certains se sont étonnés que Nathalie souhaite se produire sur son lieu de travail : Je ne ressens pas le besoin de scinder les deux. Au contraire, je suis fière de montrer à mes collègues cette facette de ma personnalité , explique-t-elle avec enthousiasme et un grand sourire. Plusieurs des vice-présidents dont je gère l’agenda m’avaient d’ailleurs dit qu’ils étaient curieux de m’entendre. 

Quand j’ai rejoint le groupe comme chanteuse, à la vingtaine, il était rare que des femmes intègrent la scène du heavy metal.  Adolescente, Nathalie, qui arpente les soirées Discomobile et les concerts strasbourgeois, a déjà repéré les Mystery Blue. Fan d’AC/DC, Trust et Scorpions, elle apprécie leur musique et n’a qu’un rêve : intégrer la formation. Le groupe, fondé en 1982, bénéficie d’une notoriété grandissante, jouant même en première partie de Motörhead ! Comme j’étudiais l’anglais, j’ai d’abord commencé par relire et corriger leurs chansons.  Mais elle ne se sent pas encore assez légitime : il lui faut d’abord passer par deux ans d’école de musique à Nancy, où elle acquiert une solide formation et gagne en confiance en elle. Entre-temps, mes influences musicales s’étaient affinées, pour intégrer Iron Maiden, Ozzy Osbourne ou encore Judas Priest. 

Sur les routes européennes

Elle est issue d’une famille de musiciens… mais pas vraiment dans le registre metal ! Mes parents avaient un orchestre. On se produisait chaque week-end dans des mariages, des bals, dans le coin d’Ingwiller…  Une tradition familiale qui se perpétue : Mon grand frère, Bernard, est pianiste professionnel !  Nathalie, elle, opte pour la batterie : Les gens trouvaient ça trop mignon, une fillette de 6 ans qui tape sur ses fûts, caisse claire et cymbales . Plus tard, ce sera la chorale avec son professeur d’allemand du collège… Avec lui, j’ai enregistré mon premier album de chants de Noël ! Depuis, les enregistrements se sont enchaînés, ainsi que les tournées : « Un moment fort pour Mystery Blue reste celle de 2016, au Royaume-Uni, accompagnés du groupe canadien Anvil ».

La composition des chansons est collective : Nathalie, diplômée de la Faculté des langues de Strasbourg, écrit des textes et compose aussi certaines mélodies. L’une des dernières chansons que j’ai écrite, une ballade, est très personnelle : c’est un hommage à ma mère. Je suis venue avec le texte et ai demandé aux musiciens de composer la mélodie pour l’accompagner.  Parfois, à l’inverse, la mélodie est là et le texte imaginé à partir de cette base. Il n’y a pas de méthode immuable ! 

Nathalie, qui a vu avec plaisir le public des concerts de rock se féminiser  reprendra la route en novembre prochain, direction cette fois-ci la Belgique, l'Allemagne et les Pays-Bas, à la rencontre du public fidèle de Mystery Blue, avec les Californiens de Witherfall. La tournée coïncide avec la sortie de notre 9e album, le 8 octobre, produit sur le label allemand Massacre Records.  Une organisation permise grâce à la souplesse d’organisation de l’université : Mon 80 % me permet de jongler facilement avec les répétitions – jusqu’à trois par semaine. Et pour les tournées, je pose des congés. Le plus dur, c’est le retour à la vie quotidienne… même si j’adore mon travail ! 

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