Par Edern Appéré
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Christophe Kahlfuss : « En impro il faut être à l’écoute pour co-construire une histoire »

Chargé d’affaires au Pôle universitaire d’innovation Alsace, Christophe Kahlfuss pratique depuis dix ans l’improvisation. Une activité qu’il mène sous toutes ses formes, depuis les entraînements hebdomadaires et l’organisation de spectacles jusqu’à la fondation d’une compagnie. Itinéraire d’un passionné.

J’ai découvert l’impro quand j’étais adolescent, grâce à une émission sur la chaîne Comédie. Deux personnes improvisaient face à face. J’aimais beaucoup, mais j’avais l’impression qu’il fallait être un excellent comédien pour pouvoir le faire !, raconte Christophe Kahlfuss. Pendant qu’il est inscrit en thèse, à Lyon, un premier contact grâce à une association étudiante lui permet de réaliser que l’impro est plus accessible qu’il n’y parait. C’est quelque temps plus tard, pendant son premier post-doc à Strasbourg, que des connaissances l’embarquent dans l’aventure. C’était en 2015 et il n’a dès lors plus arrêté d’en faire. Durant la première année, je me sentais assez stressé sur scène, mais lors de la 2e année, j’ai eu un déclic. J’ai commencé à beaucoup plus m’amuser et prendre plaisir à jouer !

« L’essentiel est que les membres de l’association soient contents de pratiquer et que le public passe un moment divertissant ! »

Pratiquant assidu, Christophe a gravi un échelon supplémentaire en devenant il y a un an président de la Lolita, association historique des spectacles d’improvisation à Strasbourg. Elle compte pas loin de 200 membres, répartis dans deux sections : « joute libre » pour la pratique en loisir, et « championnat », pour ceux qui souhaitent, comme lui, développer leur pratique en profondeur et arpenter davantage de scènes. Les matchs sont le format qui a le plus participé à faire connaître l’impro. C’est un peu la spécialité de la Lolita, on en organise une cinquantaine par an, explique le trentenaire, qui tient à préciser : L’aspect compétitif est plus du décorum qu’autre chose ! L’essentiel est que les membres de l’association soient contents de pratiquer et que le public passe un moment divertissant !

Sa compagnie se produit à la fête des personnels

Outre son entraînement hebdomadaire, Christophe prête main forte pour l’organisation des matchs et spectacles de l’association. Il fut aussi pendant quatre ans coach d’une équipe de joute libre : C'était valorisant de voir une équipe progresser et prendre du plaisir sur scène ! Quand il ne jette pas un œil à l’organisation des futurs mondiaux de l’impro qui se dérouleront en octobre à Strasbourg, Christophe prend part aux spectacles de la compagnie qu’il a contribue a créer avec six autres improvisateurs aguerris. Imp’out produit ses propres spectacles, comme l’année dernière, lors de la fête des personnels de l’université. 

Cabaret d’impro, histoire long format, catch d’impro : autant de manières variées, pour Christophe et ses camarades d’Imp’out, de se mettre en scène. Mais aussi des « histoires à dormir debout » où ils jouent un duo de personnages, de l’enfance jusqu’au troisième âge, en mixant scènes éveillées et scènes de rêves. Certains spectateurs s’imaginent que le spectacle est répété à l’avance. Pour qu’ils se rendent compte qu’il s’agit bel et bien d’impro et qu’on ne se moque pas d’eux, on intègre leurs suggestions en live !

« On doit savoir tout faire à la fois ! »

Souvent, les personnes qui ne pratiquent pas l’impro s’imaginent qu’il faut apporter 1000 idées et être original alors qu’il faut surtout être à l’écoute, savoir apporter sa brique à celles de ses partenaires pour co-construire une histoire. L’impro demande également de la polyvalence : on est à la fois auteur, metteur en scène, acteur, chanteur, mime, clown… on doit savoir tout faire à la fois ! Et contrairement à ce que je m’imaginais plus jeune, être bon en impro ne veut pas dire être bon comédien et vice-versa. Ce sont deux pratiques différentes.

« On vient pour faire l’idiot sur scène alors c’est plutôt bon signe si le public rigole ! »

Parmi les qualités requises, il faut savoir réagir vite, rebondir face à des situations inattendues et ne pas avoir peur du regard des autres. On vient pour faire l’idiot sur scène alors c’est plutôt bon signe si le public rigole !, glisse Christophe, pour dédramatiser. Autant de compétences auxquelles il peut faire appel dans son quotidien professionnel : l’impro m’aide à être à l’aise face à un public, que ce soit une équipe de chercheurs ou des représentants d’entreprises. Toujours aussi enthousiaste, Christophe ne se lasse pas de son activité. Je ne me vois pas arrêter ! Je risque de devenir un vieux dinosaure qui continue à pratiquer alors que la majeure partie des participants sont de jeunes actifs  !, conclut-il avec le sourire.

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