Laboratoire des cas de conscience : quels usages de l'IA à l'université dans les décennies à venir ?
En phase avec une actualité marquée par les exploits renouvelés de ChatGPT, les étudiants du parcours Laboratoire des cas de conscience du diplôme universitaire de l’Institut thématique interdisciplinaire (Iti) Lethica ont travaillé sur les enjeux éthiques et esthétiques de l'intelligence artificielle (IA). À l’occasion d’une restitution de leurs réflexions, mercredi 10 mai 2023, enseignants-chercheurs, étudiants, et personnels administratifs ont mis à l'épreuve un scénario portant sur les usages de l'intelligence artificielle à l'université dans les décennies à venir. Ambiance.
Quelles sont vos connaissances sur l’utilisation de l’IA dans l’éducation ? L’IA remplacera-t-elle un jour les enseignants ? L'intelligence artificielle est-elle un danger pour l'enseignement ? La restitution débute par un sondage à mains levées invitant l’assemblée d’une trentaine de personnes à entrer dans le débat. Le tout, mis en scène par Kenza Jernite, post doctorante Lethica, et animé par deux étudiants, Francesca Cassinadri et Daniel Afonso Araujo, ainsi que la responsable du parcours, Ninon Chavoz.
S’appuyer sur ChatGPT pour les devoirs maison
Resté d’abord prudent, le public se met dans l’ambiance avec la performance théâtrale de Clara Müller, étudiante en master littérature française, générale et comparée, interprétant une étudiante accusée de triche avec ChatGpt : Je n’ai jamais eu l’intention de tromper les évaluateurs. Je jure d’avoir fait un usage raisonné de cette intelligence artificielle, assure-t-elle, je m’en suis servi uniquement pour trouver des formules et des idées que j’ai ensuite adaptées à mon style
. L’auditoire, qui doit statuer de son sort à l’issue du plaidoyer, reste partagé entre valider son examen, le lui faire repasser sous surveillance sur le même sujet ou sur un autre, ou la sanctionner par un refus de validation.
Arrêter de publier de manière ouverte ?
Le cas de figure suivant expose la situation d’une chercheuse en littérature impliquée dans les pratiques de science ouverte et accusée d’avoir utilisé ChatGpt. Il lui faut prouver que l’IA s’est appuyée sur ses propres publications scientifiques et non le contraire. Si l’avènement récent de ChatGpt permet rapidement de montrer que ses publications sont antérieures à la création de l’IA, cela ne sera pas toujours aussi évident.
Le public se prononce alors sur les éventualités suivantes : la chercheuse doit-elle arrêter de publier de manière ouverte ? Les enseignants-chercheurs doivent-ils consacrer 10 % de leur temps à éduquer l’IA pour éviter de telles situations ? Les enseignants-chercheurs doivent-ils émettre des recours en justice pour chaque conflit de ce type ?
Des robots pour remplacer les enseignants
Entièrement rédigé par ChatGPT, le discours de McGonagall s’avère orienté politiquement
L’assemblée est ensuite divisée en trois petits groupes qui bénéficient chacun d'un cours différent sur l’assaut du capitole par les partisans de Donald Trump. Ces cours sont animés par trois robots imaginés par les étudiants. Le premier, version McGonagall, est inspiré par la magique professeure de l’école de Poudlard du même nom, il revient à un enseignement "classique" ce qui permet une bonne assimilation du savoir par les étudiants. Le deuxième, né de la rencontre entre le personnage fictif Henry Barthes et le critique littéraire Roland Barthes, assure un apprentissage rigoureux. Le troisième, inspiré de professeurs fictifs du cinéma, est empathique et pédagogique et s’adapte à tout contexte pédagogique grâce à son système de machine learning.
Chacun des groupes est ainsi invité à débattre de l’enseignement proposé. Entièrement rédigé par ChatGPT, le discours de McGonagall s’avère par exemple orienté politiquement et pose la question des sources sur lesquelles s’appuie l’IA ainsi que des biais engendrés. A la fin, le sondage initial est reproposé à l’auditoire qui, preuve de l’émoi suscité, y répond de manière sensiblement différente. Mais le débat reste entier : l’IA, une aide ou une menace pour l’éducation ?
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