Par Marion Riegert
Temps de lecture :

Hôpitaux universitaires : des récits qui donnent accès à l’âme, l’humanité de l’institution

« De la naissance à la mort, nous avons tous notre propre histoire avec l’hôpital. » A travers son ouvrage, « À la rencontre de l’Homo Medicus »*, Claudia Siegwald, directrice de la communication des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, invite à plonger dans les témoignages de soignants et d’hospitaliers œuvrant jour et nuit face aux petits aléas et aux grands défis de la vie.

L’hôpital c’est un monde de récits à l’infini. Toute nouvelle histoire est source de savoir, d’apprentissage, de compréhension du monde du soin, de l’humain. Ce livre, c’est le livre de l’hôpital et non le mien. Le lire, c’est changer de regard sur le monde hospitalier. Il faut être fait de chair et d’os pour comprendre, soigner un autre humain, souligne Claudia Siegwald qui évoque presque un accouchement au terme de deux ans de travail.

La Covid avait réveillé en lui l’envie de revenir sur sa vie consacrée à l’hôpital

Son primo Homo Medicus, comme elle l’appelle, elle le rencontre alors qu’elle s’intéresse au retour d’expérience des équipes durant la crise du Covid-19. En discutant avec ce professeur durant plus d’une heure, j’ai vu que la Covid avait réveillé en lui l’envie de revenir sur sa vie consacrée à l’hôpital. Nous étions bien loin du sujet initial.

Hôtesse d’accueil, cuisinier, orthophoniste, kinésithérapeute, sage-femme, aide-soignant, jardinier, professeur des universités, praticien hospitalier… Claudia Siegwald décide alors de mener d’autres entretiens au fil de ses rencontres, en se fixant comme point de départ le lit du patient. Avec toujours les mêmes questions autour de la vocation, des convictions, de la mort, la beauté des métiers hospitaliers et cette force de tenir malgré tout.

Quarante histoires courtes

De ces 150 heures d’entretiens, elle ressort quarante histoires courtes de mort, de vie…, illustrées par Adrien Weber, de la Haute école des arts du Rhin de Strasbourg. J’ai pris le parti de rendre les  histoires qui m’ont été confiées, de manière anonyme, sous une forme narrative, à la première personne du singulier en regroupant les convergences de pensées.

Des histoires racontées d’égal à égal, sans réticences, éclairant les doutes et les questionnements des soignants. J’ai vu beaucoup de médecins, de soignants émus quand ils racontaient l’histoire qui les a marqués. C’est difficile de traduire une émotion par des mots sans tomber dans le pathos. L’écriture de témoignages aussi poignants se veut sobre, discrète, silencieuse…

Des récits engagés au service de patients

Les textes sont organisés autour de cinq chapitres liés aux fondamentaux des métiers du soin : l’humilité, l’intuition, la compassion, le geste, l’universalité. Parfois drôle, parfois triste, l’ouvrage comporte des récits engagés au service de patients jeunes ou âgés, de savoir-faire, de savoir-être.

Un véritable travail de détective dans un amas de plus de seize tonnes de linge

L’occasion de découvrir la blanchisseuse qui mène un véritable travail de détective dans un amas de plus de seize tonnes de linge traitées par jour pour dénicher les objets perdus, alliances, doudou et autres téléphones, trésors intimes du quotidien. L’histoire d’une patiente écossaise aussi qui voulait partir au son d’une cornemuse et dont le vœu a été exaucé. Ou encore cette jeune flutiste greffée des poumons qui revient jouer de la flûte traversière sur son lit d’hôpital.

Une bible que l’on referme avec regret

Sans oublier ce jeune ange italien de 5 ans devant se faire opérer d’une tumeur au sacrum auquel il fallait dire les choses, sans mentir, trouver les bons mots pour l’anesthésie sur fond du Roi Lion, laisser son imagination nous transformer en chasseur d’élite à l’assaut de sa tumeur…, raconte Claudia Siegwald qui se souvient aussi du drôle de bureau d’un chirurgien avec un mobile fait d’instruments chirurgicaux et une collection de petites voitures devenues envahissantes. Chacune offerte par un patient dont il se souvenait de l’histoire.

Le plus dur ? Ça a été de m’arrêter. Chaque médecin, chaque soignant, chaque membre de l’hôpital est une bible en soi qu’on referme avec regret, sourit Claudia Siegwald qui n’a pas prévu d’écrire un nouveau livre tout de suite, même si elle a déjà une idée derrière la tête : Il faudrait faire le pendant des patients…

* À la rencontre de l’Homo Medicus – Au-delà des blouses blanches, des histoires pleines d’humanité, paru aux éditions La Nuée Bleue. Les droits d’auteur sont intégralement reversés à la Fondation de l’université et des Hôpitaux universitaires de Strasbourg.

Une soirée lectures avec danse et musique le 27 septembre


Dans le cadre du festival des Bibliothèques idéales, l’ouvrage sera présenté à la Grande salle de l’Aubette. Au menu : la lecture d’extraits par des soignants, mais aussi de la musique proposée par des hospitaliers musiciens : Raphaëlle Proust (pianiste), François Proust (trompettiste) et David Brinkert (violoniste). Sans oublier la participation des élèves du Centre chorégraphique de Strasbourg. 

  • Rendez-vous le 27 septembre, de 18 h 30 à 19 h 30, à la Grande salle de l’Aubette, place Kléber à Strasbourg.
    Entrée libre.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article