Par Marion Riegert
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Halloween : les colorants alimentaires, c’est pas sorcier

Roses, bleus, verts, rouges, violets… Parés de leurs plus belles couleurs qui donnent envie de les dévorer, les bonbons garnissent les paniers de nos petits monstres lors de la fameuse fête d’Halloween. Mais que se cache-t-il derrière ces teintes criardes ? Éléments de réponse avec Sergio Ortiz, maître de conférences en pharmacognosie*.

Les couleurs ensorcelantes des friandises sont obtenues grâces aux colorants alimentaires. Faisant partie de la catégorie des additifs, ils se classent en deux catégories : les naturels et les synthétiques ou artificiels.

Du naturel…

Safran, encre de seiche, cochenille, curcuma, spiruline… les colorants naturels, d’origine végétale ou animale, ont le vent en poupe et sont mis en avant sur les paquets de bonbons par les industriels à travers des mentions comme « sans colorant artificiel », ou encore « colorants d’origine naturels ».

Ça n’a pourtant pas toujours été le cas en raison d’une plus grande difficulté à les stabiliser. Avec pour effet une couleur pouvant se dégrader rapidement, rendant le produit nettement moins appétissant. 

Cette difficulté est aujourd’hui mieux maitrisée en jouant sur des paramètres comme le pH et en optant pour les substances les plus stables, comme les anthocyanes, des colorants naturels des feuilles, des pétales et des fruits, détaille Sergio Ortiz. 

…Au synthétique

Privilégiés initialement par les laboratoires en raison de leur faible coût et de leur stabilité, les colorants synthétiques sont aujourd’hui pointés du doigt. Certains présentent des effets cancérogènes et allergisants, souligne le scientifique.

Une étude de 2007 menée par des chercheurs de l'Université de Southampton évoque également le rôle de certains colorants, en association avec un conservateur, le benzoate de sodium, dans l’hyperactivité chez les enfants. 

Une donnée largement diffusée, remise en cause par l’Autorité européenne de sécurité des aliments qui conclut que les résultats de l’étude ne pouvaient pas servir de base pour une modification de la dose journalière admissible des colorants alimentaires respectifs ou du benzoate de sodium.

Soyez vigilants 

Quoi qu’il en soit, pour éviter tout risque, soyez vigilants lors de vos achats, surtout sur internet, et vérifiez que les colorants mentionnés dans la composition du bonbon sont biens conformes au règlement européen en vigueur, conclut Sergio Ortiz qui précise que l’utilisation des colorants alimentaires est encadrée par le règlement numéro 1333/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 sur les additifs alimentaires. 

Pour les repérer sur les paquets rien de plus simple : ils sont identifiés par un numéro précédé d’un « E ». Vous voilà parés pour faire la tournée du quartier !

* Une discipline appartenant aux sciences pharmaceutiques, qui s'intéresse aux substances naturelles et à leurs actions pharmacologiques

Un peu d’histoire

L’usage des colorants alimentaires remonte à l’Antiquité. Ils étaient notamment utilisés en lien avec des préparations pharmaceutiques dans le cadre de la médecine traditionnelle.

Au 19e siècle, le chimiste allemand Friedrich Accum alerte sur l’emploi de denrées alimentaires toxiques dans un ouvrage A Treatise on Adulterations of Food and Culinary Poisons (Traité sur les aliments falsifiés et les poisons culinaires). Il y dénonce notamment l’utilisation dans des aliments de certains colorants d’origine naturelle dangereux pour la santé à base de cuivre, de plomb ou encore d’arsenic. 

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