Par La rédaction
Temps de lecture :

Forum des religions 2024 : Est-il (encore) permis d’espérer ?

Du 23 au 25 mai 2024, la quatrième édition du Forum des religions à Strasbourg tente de répondre à l’épineuse question : Est-il (encore) permis d’espérer ? Parmi les évènements proposés, trois chercheurs de l’Université de Strasbourg seront présents au Palais universitaire lors de trois ateliers thématiques le vendredi 24 mai.

L'antinatalisme et le mouvement Green Inclination No Kid (GINK)

A travers l’évocation des mouvements dénatalistes ou antinatalistes tels les Green Inclination No Kid (GINK) qui s’engagent à ne pas procréer pour sauver la planète, Vincente Fortier, directrice de recherche émérite (Unité mixte de recherche Droit, religion, entreprise et société-Dres - CNRS/Unistra) esquissera le lien fait entre natalité et écologie. Face à la crise environnementale, la disparition de la biodiversité, la pollution, les discussions et controverses sont nombreuses, opposant celles et ceux qui voient dans la maîtrise absolue de la démographie, la solution à ces problèmes majeurs et celles et ceux qui considèrent que la modification de nos comportements permettrait de résoudre cette crise. Les positions semblent irréconciliables, les thèses développées de part et d’autre, sont argumentées, d’un point de vue, certes, écologique mais également économique, éthique, juridique. Et les propos du président de la République le 16 janvier 2024 par lesquels il entend procéder à un "réarmement démographique de la France" ajoutent de la complexité au débat articulant population et environnement. Toutefois, selon moi, une autre voie mériterait d’être plus amplement explorée, celle tenant au devoir de fraternité, dans une perspective plus dynamique et somme toute moins mortifère. En effet, "Ne pas polluer l’espace des autres pays, respecter la biosphère comme un bien commun des hommes et laisser un environnement viable aux générations futures est un devoir de fraternité", comme le disait en 2002, déjà, le juge de la Cour suprême du Canada Charles Gonthier.

  • Atelier A, de 14 h à 15 h
     

Espérance et résilience : la perspective du psychiatre

Gilles Bertschy, professeur de psychiatrie de l’adulte et chef du pôle de psychiatrie, santé mentale et addictologie aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg partira de son expérience de spécialiste des troubles de l’humeur sur plus de quatre décennies pour aborder la problématique de son intervention. La dépression est par essence une perte de confiance en l’avenir. Il existe des traitements efficaces. L’espoir d’en guérir est raisonnable. Evoquer cela sera aussi l’occasion d’interroger en passant la question de la place du psychiatre dans un enjeu particulier de la perte d’espoir qui est le droit à mourir. Mais la dépression n’a pas le monopole de la perte d’espoir : en particulier cela concerne aussi le domaine du traumatisme psychique dans ses différentes modalités d’expression clinique pour souligner que la perspective de l’espérance et de la résilience s’éclaire de façon différente par rapport à la dépression. Avoir posé cela permettra ensuite de venir interroger l’augmentation importante du malaise psychique dans la jeunesse : en 2024, où en sommes-nous ? Quelle place pour l’espérance et la résilience pour les jeunes générations actuelles ? Après avoir abordé la façon dont s’exprime cette souffrance psychique de la jeunesse, ce sera l’occasion de partager quelques pistes de réflexions forcément diverses et nuancées sur l’origine de cette souffrance.

  • Atelier C, de 15 h 30 à 16 h 30
     

La fin du progrès ? Désespérance et utopie

Christophe Monnot, maître de conférences en sociologie des religions à la Faculté de théologie protestante qui a mené une enquête de cinq années sur les liens entre écologie et religion, reviendra sur le besoin d’utopie face à la désespérance découlant de la crise climatique et environnementale. Notre société qui se pensait comme productrice de biens réalise qu’elle est également grosse productrice de maux. Elle fait maintenant face à un risque majeur avec le réchauffement climatique. Socialement, le changement climatique est déjà en train de transformer notre civilisation. Une profonde désespérance, due à la production de maux de notre société qui surpasse la production de biens, envahit les citoyennes et les citoyens. Cependant, les individus ont besoin d’utopie pour se mettre à l’action et affronter les aléas du futur. De manière tout à fait singulière, les personnes sensibles aux causes environnementales en Occident sécularisé puisent très souvent leur force d’action dans les traditions religieuses, spiritualités, mythes cosmogoniques. Pourtant, les religions ne sont plus à l’agenda de notre époque et elles auraient de quoi alimenter la version colapsologique de la crise climatique. C’est l’inverse qui se passe avec une espérance provenant de l’interprétation des textes et traditions religieuses et spirituelles qui nourrit les entrepreneurs moraux et les personnes sensibilisées à la cause climatique.

  • Atelier D, de 15 h 30 à 16 h 30

Le Forum des religions 2024

Réchauffement climatique, crise sanitaire, guerre en Ukraine, déchaînement de violences au Proche-Orient, conflits meurtriers en Afrique… Cette nouvelle édition du Forum des religions a choisi, face à ces défis très actuels, de repérer de bonnes raisons d’espérer. L’espérance est le pivot de nombreuses traditions spirituelles. Elle est souvent orientée vers l’au-delà. Mais pas seulement... Elle porte aussi sur la vie terrestre, l’engagement « ici et maintenant ». Avec quelles conséquences dans la vie sociale ? Quels peuvent être la place et l’apport des religions dans un débat public partagé avec d’autres ?

Les intervenants au Forum des religions vont donc ouvrir des chemins d’espérance. En évitant les propos lénifiants et en montrant comment la spiritualité que portent ces confessions peut aider non seulement à mieux comprendre le monde mais aussi à le transformer.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article