Par Elsa Collobert
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Écogestes : « Interpeller et impliquer, pour faire évoluer les habitudes »

Baisse du chauffage à 19 degrés, deux semaines de fermeture supplémentaires en hiver... Et aujourd'hui, des néologismes pour sensibiliser aux écogestes. Une campagne pensée comme « créative, ludique, participative, tout sauf culpabilisante, reflet de l'ADN de l'Université de Strasbourg ». Claire Iffenecker et Lucie Gonin, de la mission Développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS) et du Service de la communication, à la manœuvre, nous en disent plus.

Rappelez-nous le contexte de la campagne sur les écogestes, lancée ce lundi 27 mars...

Claire Iffenecker : Elle s'inscrit dans l'engagement de l'Unistra en faveur de la transition écologique, à la suite de l'adoption de sa feuille de route et du plan de sobriété énergétique de l’établissement. Dérèglement  climatique, crise énergétique liée notamment à la guerre en Ukraine, hausse de la facture (+ 26 millions pour l'Unistra) : tout converge pour actionner tous les leviers possibles et appeler à un changement d'habitudes.
Nous avons obtenu le soutien financier du ministère, pour accompagner sur deux ans ces évolutions – hors projets de rénovation énergétique du parc immobilier.« L'engagement se fait à tous les étages »

Lucie Gonin : L'engagement se fait à tous les étages, dans la formation, la recherche, la vie quotidienne... La campagne sur les écogestes va au-delà d'un simple appel à changer ses habitudes quotidiennes : valoriser ce qui est déjà fait, donner un coup d'accélérateur à l'inventivité et au volontarisme de l'université et ses forces vives.

C. I. : Nous avons d'abord pris le temps d'identifier les postes de dépenses et les leviers d'action, comme les sorbonnes dans les laboratoires, dont le débit d’extraction d’air et les consommations d’énergie associée sont importantes. Cette réflexion n'aurait pu être menée à bien sans l'aide de nombreux services, comme la Direction des affaires logistiques intérieures (Dali), la Direction du patrimoine immobilier (DPI), la Direction du numérique (DNum), le Service prévention, sécurité, environnement (SPSE)... et des usagers, qui nous ont fourni des données précieuses.

Quel est le contenu de cette campagne ?

Lucie Gonin : L'effort a porté sur la recherche du ton juste, celui qui mobilise, car le sujet reste grave. Plusieurs pistes ont été rapidement exclues, comme la reprise de campagnes existantes, au ton parfois infantilisant ou culpabilisant, dans lequel on ne se reconnaissait pas. Reprenant le précepte de l'Agence de transition écologique (Ademe) de porter des récits positifs, qui valorisent des modes de vie plus sobres, nous avons voulu une campagne à l'image de notre université : qui fait appel à l'intelligence collective et à la créativité.

Au centre, cinq néologismes. Le premier, « minilumer », a été dévoilé sur les réseaux sociaux, les suivants le seront ces prochaines semaines. Avec ces mots inventés, le but est de susciter l'intérêt, la surprise. Nous présentons ensuite des données et chiffres-clés sur ce que fait l'université, pour asseoir l'appel au changement. Même ambition avec la signature « L'Université de Strasbourg en mode action » : un appel en toute humilité à l'action collective, qui signifie qu'un mouvement est bel et bien enclenché. Autre signature visuelle : un gimmick bleu (pour changer du vert !), reconnaissable d'un coup d'œil.

La sobriété est un maître-mot du design retenu. Question de logique et de cohérence. Des choix ont été faits en termes de déclinaisons, pour limiter l’empreinte écologique de la campagne.


Comment va-t-elle être déployée ?

L. G. : Il n'y aura pas de déploiement massif. Les outils – visuels, affiches – vont être mis à disposition de la communauté universitaire en ligne. Libre à chacun d'imprimer ses supports et de les diffuser, en couleur ou noir et blanc, sur papier recyclé, au plus près des besoins de son entité.
Correspondants communication et membres du réseau DD&RS ont bénéficié d'une présentation en avant-première, car ils sont les premiers maillons du déploiement de cette campagne.

Qu'en attend-on ?

C. I. : C'est assez difficile d'établir des objectifs en termes d'économies d'énergie. Pour rester cohérents avec les objectifs de la trajectoire carbone (- 5 % d'impact par an d'ici 2050), nous tablons sur une fourchette de baisse de 2 % de notre consommation énergétique, via cette campagne. Grâce au travail impulsé cette année, notamment le bilan carbone, nous disposons de plus en plus de données, pour une vue d'ensemble. Il permettra de travailler à d’autres écogestes.

Cette campagne sera réussie si la communauté s'en saisit

L. G. : Accompagner la transition écologique de l’université, c’est un vaste chantier qui demande que chaque acteur, à son échelle, ait envie de rejoindre une aventure collective et de « faire mieux », à son échelle. C’est cet élan vers l’action qu’on souhaite pousser, pour qu’il entraîne avec lui des transformations dans nos modes de vie personnels et professionnels. Cette campagne sera réussie si la communauté s'en saisit. Nous comptons sur chacune et chacun pour inventer de nouveaux mots ! (lire encadré)

Des néologismes comme moteurs de changement

Conçue avec l'agence de communication Epiceum, la campagne de communication autour des écogestes place en son centre des néologismes. Cinq mots-valises, créés à chaque fois à partir de deux concepts fondus en un. Le premier est « minilumer », soit réduire l'éclairage artificiel inutile.

Dans un second temps, la communauté universitaire va être appelée à en proposer de nouveaux, à travers un concours de néologismes. Une manière d'imaginer notre propre lexique, souligne Lucie Gonin. En anglais, en allemand, antonymes pour ringardiser certains comportements... Toutes les possibilités sont ouvertes, avec pour seule règle l'imagination et l'inventivité !

Ludique, la campagne propose aussi de débusquer les interrupteurs les plus souvent oubliés dans vos bâtiments.

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