Par Marion Riegert
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Covid-19, guerre en Ukraine, quel impact sur notre bien-être ?

Emotions, sommeil… Pour évaluer l’impact des crises sur nos comportements et mieux comprendre les différences culturelles, politiques et géographiques dans la manière d’y faire face, Odile Rohmer et Bruno Chauvin, chercheurs au Laboratoire de psychologie des cognitions (LPC – Unistra) ont participé au projet Coping with Corona (Coco). D’abord ciblé autour des effets de la Covid-19 sur le bien-être des personnes en fonction notamment du contexte de leur pays, il a été élargi à la guerre en Ukraine.

Beaucoup d’études ont été produites autour de la Covid-19, mais il n’y avait pas de regard large concernant le retentissement de la crise sur le bien-être des personnes en tenant compte des politiques mises en place dans les différents pays, raconte Odile Rohmer qui précise que l’étude, lancée par une équipe de chercheurs allemands, s’inscrit dans le champ de la psychologie sociale et différentielle.

Chacun des 45 pays participants est chargé de récolter les données de 500 personnes pendant huit semaines de janvier à avril 2022. Le temps de tout mettre en place, quand le projet démarre, la crise Covid est passée mais une autre crise vient bousculer l’actualité : la guerre en Ukraine. En dernière minute, une partie est ajoutée sur le sujet dans les questionnaires. Une des limites de l’étude est le fait qu’il n’y ait pas de données concernant les Russes et les Ukrainiens. Au moment où le recueil des données a eu lieu, il était difficile d'envisager d'obtenir des données fiables concernant ces deux populations, glisse Bruno Chauvin.

Une évaluation en temps réel

Sexe, âge… après un questionnaire permettant de connaitre les participants, ces derniers sont amenés à répondre plusieurs fois par jour à de petits questionnaires pour évaluer en temps réel leur état du moment. C’est l’originalité de cette étude, d’habitude cela se fait de manière rétrospective, précise la chercheuse. Une fois les questionnaires remplis, les données sont centralisées et analysées en Allemagne.

Résultat : Les variations sur le bien-être sont peu liées au Covid mais plutôt à la guerre en Ukraine. Avant l’entrée en guerre, le bien-être est stable dans les différents pays, puis une chute vertigineuse intervient au début du conflit, suivie d’une petite remontée le premier mois et une récupération le second, détaille Odile Rohmer.

Un article proposé à la revue Science

Les pays européens et notamment ceux proches du conflit récupèrent moins vite que les non-européens. Les auteurs étudient également des tweets parus à cette période. Plus le mot "Ukraine" apparait, moins les personnes expriment du bien-être, poursuit la chercheuse.

18 pays européens, pour
1 376 participants
45 000 mesures recueillies au cours de 2 mois de mesures quotidiennes

Des résultats indépendants de l’âge et du sexe des individus mais plutôt de leur personnalité et du contexte. Et ce, à différents niveaux : la proximité géographique, les liens géopolitiques avec l’Ukraine ou la Russie, explique Bruno Chauvin.

Et après ? Un article pour présenter ces résultats est en cours d’expertise dans Science. L’idée est aussi d’avoir une palette de leviers à mettre à disposition des pouvoirs publics et des décideurs pour améliorer le bien-être des personnes.

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