Par Marion Riegert
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Un nouveau pas dans la caractérisation des conséquences émotionnelles du sevrage aux opiacés

La crise des opioïdes en Amérique du Nord provoque chaque année de nombreux décès. Dans un article paru dans Scientific Reports, Emmanuel Darcq, chercheur au sein de l’unité mixte de recherche Neurosciences et psychiatrie translationnelles de Strasbourg (Unistra/Inserm), et son équipe, proposent de nouveaux protocoles afin d’étudier plus particulièrement les effets psychiques du sevrage chez la souris.

En Amérique du Nord, les antidouleurs opiacés peuvent être prescrits en masse, entrainant des addictions pouvant aller jusqu’à l’overdose. En cause, des médicaments comme la morphine, l’oxycodone, le fentanyl ou encore le tramadol en France, explique Emmanuel Darcq.

Lors du sevrage, des signes physiques apparaissent, tremblements, nausées, mais aussi psychiques, état dépressif, anxiété. Dans certains cas, ces signes peuvent pousser à la reconsommation d’opiacés, détaille le chercheur qui s’est intéressé, avec son équipe et en particulier Dersu Ozdemir, doctorante, pour cet article aux altérations émotionnelles. Et ce, en mettant en place trois protocoles permettant d’obtenir des modèles de souris pour étudier ces signes.

Le premier, consiste en l’injection à des souris d’une dose aigüe d’opiacés. Le second, l’injection durant six jours d’une dose constante. Et le troisième, l’injection durant six jours de doses de plus en plus fortes. Les chercheurs ont ensuite comparé l’apparition des signes en fonction du protocole utilisé et ont testé les effets d’un antagoniste des opiacés, la naloxone.

Cibler certaines régions du cerveau

En fonction de la longueur du traitement, les symptômes vont être plus longs. Dans le premier cas, on observe des symptômes anxieux mais pas dépressifs. Dans le second, les deux symptômes sont présents et dans le troisième, ils sont présents de manière plus forte.

Tester de potentiels médicaments qui pourraient soulager ces symptômes émotionnels

Prochaine étape, étudier grâce à ces nouveaux modèles l’implication des circuits neuronaux dans l’addiction en les activant et en les inhibant. Nous allons améliorer nos connaissances des neuroadaptations qui engendrent ces circuits de comportements en étudiant plus particulièrement l’habenula, la zone du cerveau la plus enrichie en récepteur Mu, un récepteur sensible aux opiacés. L’idée à terme étant de tester de potentiels médicaments qui pourraient soulager ces symptômes émotionnels.

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