Par Caroline Laplane
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TipEx - un parc d’équipements pour expérimenter concrètement la chimie verte

Porté par la Faculté de chimie, le projet de Technologies innovantes pour l’enseignement expérimental de la chimie (TipEx) va se déployer à partir de la rentrée 2022 dans les composantes dans lesquelles la chimie est enseignée. Son objectif : mettre à disposition des étudiants un parc d’équipements pointus et innovants pour expérimenter la chimie verte.

Le concept de chimie verte ou durable n’est pas nouveau et depuis une vingtaine d’années, déjà, la chimie et l’environnement ne sont plus systématiquement considérés comme antagonistes. Il est bien sûr de notre responsabilité de former des chimistes sensibilisés à cette question, ce que nous faisons de manière théorique depuis une quinzaine d’année, explique Rachel Schurhammer, directrice de la Faculté de chimie1. Mais ce qui manque à ce jour, c’est la possibilité pour les étudiants d’expérimenter concrètement cette manière alternative, plus sûre et plus propre de faire de la chimie. D’où le projet TipEx.

Stefan Chassaing et Valérie Bénéteau, tous deux maîtres de conférence à la Faculté de chimie2, enseignent depuis plus d’une dizaine d’années la chimie verte en théorie à leurs étudiants, et ils ont porté conjointement ce projet pour aller plus loin dans la pratique expérimentale de ces méthodes alternatives.

Pratiquer la chimie via des méthodes moins énergivores et plus sélectives

La chimie verte, ça consiste notamment à pratiquer la chimie via des méthodes moins énergivores et plus sélectives, qui utilisent moins de solvants, ou des solvants moins toxiques, tout en produisant moins de déchets et en étant donc moins polluantes, explique Stefan Chassaing. Ou encore des méthodes qui font prendre moins de risques, en simplifiant les expériences en laboratoires, et ensuite la production en industrie, complète Valérie Bénéteau. Cela peut passer par exemple par une technologie de chauffage beaucoup plus rapide et efficace que la convection thermique habituelle. Ces technologies innovantes (mécanochimie, chimie par micro-ondes, photochimie, électrochimie, chimie avec enzymes, sonochimie…) ont toutes un point commun : elles reposent sur de nouveaux appareils, dont l’acquisition va nécessiter un budget de près de 90 000 €.

Un atout pour l’insertion professionnelle des étudiants

Le projet TipEx va nous permettre de faire l’acquisition de ces équipements et de les mettre à disposition de nos étudiants à partir de la troisième année de licence, mais aussi des étudiants de l’Ecole européenne de chimie, polymères et matériaux (ECPM), et de l’IUT Robert-Schuman, explique Rachel Schurhammer . Le projet a bénéficié d’un apport financier de l’Unistra de 52 000 € (Idex et Faculté de chimie), auxquels viennent s’ajouter 50 000 € obtenus suite à un appel à projet de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP).

L’objectif est également de sensibiliser les enseignants en chimie à ces technologies innovantes

Cette plateforme technologique sera unique en France dans son ampleur (d’autres universités disposent de l’un ou l’autre des équipements). La DGESIP a accordé le financement en évaluant également son intérêt en termes d’essaimage au niveau national. L’équipe projet organisera à cet effet plusieurs manifestations de type séminaire, pour partager largement cette expérience. L’objectif étant également de sensibiliser les enseignants en chimie, d’abord localement, puis nationalement, à ces technologies innovantes , précise Rachel Schurhammer.

Le lien avec l’industrie n’est pas oublié non plus : trois entreprises ont déjà apporté leur soutien au projet : une entreprise locale, une entreprise pharmaceutique internationale et une entreprise qui développe une de ces technologies. Un ensemble d’experts est également en cours d’identification pour chacune de ces technologies afin, non seulement de servir de référents, mais également d’initier de possibles collaborations pédagogiques.

Il est clair que cet apport dans nos maquettes de formation a également beaucoup d’avantages, pour aider à l’insertion professionnelle de nos étudiants en les formant à la pointe de l’innovation technologique en chimie durable. Cette spécialité, en toute logique vu les enjeux sociétaux, est aussi de plus en plus recherchée par le monde du travail , conclut Valérie Bénéteau.

1 A noter que le master Chimie verte, proposé par la Faculté de chimie, est historiquement le premier master de ce type créé en France, par Patrick Pale, en 2006.
2 Stefan Chassaing est responsable du master 1 parcours Chimie moléculaire, verte et supramoléculaire et responsable d’unités d’enseignement en master 2 Chimie verte ; Valérie Bénéteau est directrice-adjointe de la Faculté de chimie, chargée des enseignements et responsable d’unités d’enseignement en licence 3 professionnelle Chimie de synthèse, et en master 1

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